POLITIQUE

Publié le 03 septembre 2023

Préférendum : Clément Viktorovitch démasque l'enfumage ?

Le "Préférendum" : Une véritable innovation démocratique ou une sondocratie en marche?

Le terme "préférendum" est le buzzword politique de cette rentrée. Olivier Véran, ministre du Renouveau démocratique, a exprimé l'idée d'interroger les citoyens sur plusieurs sujets lors d'un même vote. L'objectif ? Permettre à la population de pointer du doigt les réformes souhaitées, au lieu de se limiter à une approbation ou désapprobation du président en exercice.

Jamais réalisée jusqu'à présent, cette méthode, bien que possible juridiquement, soulève des questionnements sur sa pertinence politique. Présenter plusieurs sujets d'un coup rappelle étrangement les méthodes de sondage d'opinion, dont l'essence même contraste avec le principe d'un référendum. En effet, les sondages captent souvent des opinions hâtives, alors que les référendums aspirent à collecter des jugements mûris.

Sondages contre Référendums : Une question de profondeur

Un sondage est un instantané des perceptions, souvent superficielles, du public. Il ne reflète pas nécessairement un point de vue éclairé. Des sociologues comme Pierre Bourdieu, Alain Garrigou et Loïc Blondiaux ont tous démontré que les résultats des sondages peuvent, au mieux, donner un aperçu des préjugés préexistants des individus. Au contraire, un référendum est censé être précédé de débats nationaux approfondis, permettant une réflexion collective avant la prise de décision.

L'un des enjeux majeurs de ce "préférendum" réside dans sa capacité à engager véritablement le public. Se rappelant le déluge de débats du Traité constitutionnel européen, serait-il réaliste de s'attendre à un même niveau d'engagement sur plusieurs questions à la fois? Si la réponse est négative, alors cette forme de consultation pourrait être considérée non pas comme une avancée, mais plutôt comme une menace à la véritable démocratie.

L'intégrité du processus : un impératif

La proposition d'un "pré-référendum" par Véran, où le vote serait indicatif et non contraignant, pose la question de la confiance. Les citoyens ont-ils la certitude que leurs voix compteront vraiment? L'historique des initiatives démocratiques sous la présidence actuelle suggère le contraire.

Regardons le Grand Débat National, où plusieurs demandes populaires n'ont pas été prises en compte. Ou encore, la Convention Citoyenne pour le Climat, où de nombreuses propositions ont été diluées. Le Collectif Citoyen sur la Vaccination n'a pas influencé la politique vaccinale, et le Conseil National de la Refondation n'a donné lieu à aucune action concrète. Face à ces précédents, pourquoi les citoyens auraient-ils confiance en une nouvelle consultation non contraignante ?



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