POLITIQUE

Publié le 25 avril 2022

Retraite : Le gouvernement passera-t-il en force ? La réponse de Bruno Le Maire crée l'indignation

Bruno Le Maire était l'invité de l'émission « La Matinale » diffusée ce lundi 25 avril 2022 sur Franceinfo.

« Qu'est-ce qui est négociable dans cette réforme ? »

Marc Fauvelle : « La réforme des retraites, Bruno Le Maire. 64 ans à la fin du prochain quinquennat, a dit Emmanuel Macron. 65 ans, peut-être, au-delà. Mais avant cela, il y aura une clause de revoyure en 2027. Qu'est-ce qui est négociable dans cette réforme ? Qu'est-ce qu'il y aura sur la table lorsque vous ou les futurs ministres du futur gouvernement, recevrez les syndicats ? » Bruno Le Maire : « Je pense qu'il faut déjà qu'il y ait un cap qui soit clair. Vous l'avez parfaitement rappelé. » Marc Fauvelle : « Mais 64 ans, ça, on n'y touche pas ? » Bruno Le Maire : « 64 ans, 2028, clause de rendez-vous, avec l'objectif de 65 ans. Ça, c'est ce qui a été défini pendant la campagne, et avec beaucoup de courage et beaucoup de clarté, par le président de la République. » Marc Fauvelle : « Ça a un peu changé en cours de route quand même. » Bruno Le Maire : « Je le redis une fois encore au nom de tous ceux qui ont soutenu le projet du président de la République au premier tour et qui l'ont fait dans la clarté. Ensuite, vous avez la question des carrières longues. À partir de quel âge on estime qu'il y a une carrière longue ? »

« Oui, il y aura un allongement de la durée de cotisation »

Marc Fauvelle : « Qu'est-ce qui démarre la carrière longue ? Qu'est-ce que c'est qu'une carrière longue ? Il y a 20 ou 30 ans, il pouvait être assez habituel de démarrer très jeune sa vie professionnelle. Aujourd'hui, c'était un peu décalé, mais tout ça, ça se regarde. On ne peut pas aujourd'hui faire l'addition systématique des 42 ou 43 ans en prenant 20 ans comme référence. Il peut y avoir d'autres références, on peut en discuter. » Marc Fauvelle : « Ça ira de pair, on est bien d'accord, avec un allongement de la durée de cotisation ? » Bruno Le Maire : « Oui, il y aura un allongement de la durée de cotisation. » Marc Fauvelle : « Qui pourra aller jusqu'à combien ? » Bruno Le Maire : « Sur les annuités, je rappelle que c'est une autre réforme. Là aussi, je ne veux pas accabler, dès le matin, nos auditeurs de technique. Mais vous avez une réforme dite Touraine qui a prévu de passer progressivement les annuités de 42 à 43 ans. » Marc Fauvelle : « Il faudra aller au-delà ? » Bruno Le Maire : « C'est ce qui était prévu par la réforme Touraine. Ça n'est pas ce qui aujourd'hui est au cœur de notre réforme. Nous, notre réforme, c'est décaler quatre mois par quatre mois, année par année, l'âge légal de départ à la retraite jusqu'à 65 ans, avec une clause de revoyure à 64 ans. C'est très progressif. »

« On sera au-delà de la réforme Touraine »

Marc Fauvelle : « Vous dites " c'est pas dans notre réforme ", Bruno Le Maire. Emmanuel Macron l'a dit il y a quelques jours sur le plateau de France 2 face à Anne-Sophie Lapix : " Oui, il faudra aller au-delà des 43. " Par exemple, quelqu'un qui demain commencera à travailler à 21 ans, pour pouvoir liquider sa retraite à 65 ans, ça fera 44 années de cotisations. On sera au-delà de la réforme Touraine. » Bruno Le Maire : « Je vous le dis, je ne veux pas nous enfermer dans des choses qui soient trop strictes et laisser entendre qu'il n'y a aucune marge de manœuvre sur la négociation. Il y a sur les carrières longues, sur la pénibilité... Qu'est-ce que c'est qu'un travail qui est pénible et qui va vous permettre d'avoir des règles de cotisation qui soient différentes ? Il faut qu'il y ait des marges de manœuvre pour la négociation. Je pense que le cadre défini par le président de la République était suffisamment clair. On ne touche pas à l'âge des 67 ans pour l'annulation de la décote. »

« Je ne peux pas donner cette garantie »

Bruno Le Maire : « On vise 65 ans comme âge légal à partir duquel vous pouvez déclencher votre droit à pension. On fait une clause de revoyure en 2028 à partir du moment où on aura atteint les 64 ans. Et puis ensuite, vous avez la pénibilité, vous avez les carrières longues. Tout cela est sujet à négociations. » Salhia Brakhlia : « Bruno Le Maire, vu le caractère inflammable de cette réforme, est-ce que vous nous garantissez, ce matin, que le gouvernement ne passera pas en force, n'utilisera pas le 49-3 pour faire passer cette réforme ? » Bruno Le Maire : « Je ne peux pas donner cette garantie. Je ne le souhaite pas, ça, c'est certain. J'ai toujours dit que cette réforme devait faire l'objet le plus possible de discussions et de dialogues, avec l'espoir de parvenir à un compromis. »



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