POLITIQUE

Publié le 12 décembre 2020

Un député veut faire payer «les profiteurs de la crise»

Le député François Ruffin était l'invité d'Alain Marschall et d'Olivier Truchot dans l'émission «Les Grandes Gueules» diffusé sur RMC le mardi 24 novembre 2020.

Les profiteurs du Covid doivent payer ?

Question d'Olivier Truchot : « Vous défendez l'idée d'un impôt Covid, c'est-à-dire d'imposer les entreprises qui profitent du Covid ? » François Ruffin : « C'est une proposition de loi que j'ai faite en juin, donc qui ne date pas d'hier, et qui émane du groupe de travail de l'Assemblée nationale dont le diagnostic a été validé par les membres de tous les groupes parlementaires, y compris des membres d’En Marche. On a regardé qui avaient été les profiteurs de crise pendant le premier confinement, ça demanderait sans doute d’être mis à jour, mais il y a l'industrie pharmaceutique qui a vu son chiffre d'affaires augmenter de 6 à 20%, il y a, et ça c'est beaucoup plus choquant, les assurances. Les assurances, pourquoi ? Parce qu'ils n'ont rien payé alors que tous les commerces auraient pu se tourner vers les assureurs en disant « Bah voilà, il y a un dégât là, on vous demande de nous dédommager » mais non seulement ils n'ont pas dédommagé, mais en plus, il y a eu moins d'accidents de voiture, donc ça fait 1,5 milliard d'euros d'économies. »

Qui sont ces profiteurs ?

«Aussi, il y a eu moins d'accidents domestiques, ça fait 500 millions, et ça c'était juste le premier confinement donc, on peut estimer que ça serait sans doute augmenté. J'ai eu encore un restaurateur qui m'a envoyé un message ce matin pour dire : c'est eux qu'il faut faire payer de manière prioritaire, ce sont les assureurs. En effet, il faut qu’ils soient mis à l'amende pour contribuer à ça. Et ensuite, le troisième secteur qui a gagné, c'est la grande distribution et notamment les drive alimentaires qui ont fait des bonds de + 40 %. Et évidemment, dernièrement, il y a les plateformes numériques et en premier lieu Amazon, qui s'est gavé et qui continue de se gaver là.»

Un fond de solidarité pour les petits commerçants

Alain Marschal l: « Comment vous mettez en place cette impôt ? » François Ruffin : « Par un prélèvement exceptionnel ! On nous a dit qu'on était en guerre, qu'est-ce qui s'est fait en 14-18 ? Je vois le 1er juillet 1916, le Parlement vote une loi qui prévoit une contribution extraordinaire sur les bénéfices exceptionnels, voilà, tout simplement. C'est possible. A l'époque, on s'est dit que ce n'était pas normal qu'il y ait des profiteurs de guerre. Alain Marschall : « Alors cet impôt il part où? Dans le déficit public? Ou il est redistribué et à qui ? » François Ruffin : « Honnêtement, j'avais exclu l'industrie pharmaceutique parce que ça n'était pas lié au commerce, mais que ça soit un fond de solidarité avec le petit commerce. Car que ce soit les plateformes, la grande distribution ou bien les assureurs, là, on a trois secteurs sur lesquels il y a un lien avec le petit commerce. Et donc, ce que je proposais c'est que ça soit un fond de solidarité. »

2 milliards d'euros d'économies

Moi, ce que je ne comprends pas, c'est simplement que la même année on verse des dividendes. Je crois que c'était de l'ordre de 1,7 milliard d'euros pour Danone et qu'on licencie, tout comme je ne comprends pas dans le cas de Total, puisque là, il y a un nouveau plan qui s'annonce de plus grande ampleur encore alors qu’il y a eu 6 milliards d'euros de dividendes qui ont été versés et que c'était l'entreprise qui a versé le plus de dividendes depuis des années et des années, chaque fois, ils arrivent en tête des entreprises du CAC40. » Olivier Truchot : « Ils profitent du COVID ? » François Ruffin : « En tout cas, je pense qu'il n’y a pas de lien direct mais j'entends que pour les uns, il va falloir faire un milliard d'euros d'économies et pour les autres, il va s'agir de 2 milliards d'euros d'économies. Quand on voit les dividendes qui sont versés, la priorité sur ce qu'on pourrait économiser, c'est là. »



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