POLITIQUE

Publié le 25 novembre 2022

Une sénatrice espionnée par le Qatar ? Son témoigne est édifiant : « J'ai reçu un coup de fil »

Nathalie Goulet, sénatrice, intervenait lors de l'émission « Apolline Matin » diffusée sur RMC ce lundi 7 novembre 2022.


“ J'ai été assez vocale sur la convention fiscale qui lie le Qatar à la France. ”

Apolline de Malherbe : « Vous êtes sur la liste noire du Qatar. Votre nom est cité parmi une liste de personnalités qui, d'après la presse britannique, ont été, sont peut-être encore, espionnées pour le compte du Qatar. Pourquoi vous ? » Nathalie Goulet : « J'ai été assez vocale sur la convention fiscale qui lie le Qatar à la France et qui fait de la France un paradis fiscal pour le Qatar. Donc je pense que j'ai un peu irrité. » Apolline de Malherbe : « Vous avez visiblement irrité au point d'être sans doute écoutée. C'est une forme de, à la fois de vigilance de leur part, de vengeance ? » Nathalie Goulet : « Écoutez, je ne sais pas. Il y a quelques mois, j'ai reçu un coup de fil d'une personne qui s'est présentée comme un inspecteur et qui m'a donné le code de ma boîte Gmail. Donc j'ai eu un choc. Il ne m'a pas dit ni pourquoi, ni comment. Et puis il a raccroché, ce qui m'a laissée dans un abîme de perplexité. Évidemment, j'ai changé tous mes codes, etc. Et puis j'ai lu, comme beaucoup, les journaux britanniques. »


“ Oui, exactement. Mon mot de passe de ma boîte Gmail. ”

Apolline de Malherbe : « Attendez, racontez-nous ça, Nathalie Goulet. Cet appel était anonyme ? C'est-à-dire que vous recevez un appel, vous avez une voix au bout du fil qui connaît votre code ? » Nathalie Goulet : « Oui, exactement. Mon mot de passe de ma boîte Gmail, oui. » Apolline de Malherbe : « Et ils ne vous ont rien demandé, c'était simplement pour vous mettre la pression, en quelque sorte. Pour vous dire : " On sait ça de vous. " » Nathalie Goulet : « Exactement. » Apolline de Malherbe : « Et ça, c'était quand ? » Nathalie Goulet : « Il y a à peu près huit ou dix mois, je pense. Mais, oui, il y a un certain temps. » Apolline de Malherbe : « Vous n'en avez rien fait ? Que faire derrière ? C'était quoi ? C'était un appel anonyme ? C'était ? » Nathalie Goulet : « J'ai changé mes codes, j'ai mis une box de cryptage. Mais je ne savais pas d'où ça venait. Et ça m'a fait peur, surtout. » Apolline de Malherbe : « Et depuis, vous avez vu votre nom, donc, dans cette liste de personnes espionnées pour le compte du Qatar. Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Est-ce que vous aurez les moyens de... ? Est-ce qu'on vous dit que vous allez pouvoir porter plainte ? Est-ce qu'il y a un moyen de remonter ? »


“ Si monsieur Platini m'entend. ”

Nathalie Goulet : « De toute façon, évidemment, je vais consulter mes avocats. J'espère avoir le soutien de l'institution, aussi, parce que si c'est la boîte Gmail, ça peut être aussi la boîte du Sénat. Et puis je ne suis sûrement pas toute seule dans ce cas-là, bien qu'étant probablement sur ce sujet-là plus vocale. Et puis surtout, peut-être coordonner, si monsieur Platini m'entend, peut-être coordonner avec les autres. » Apolline de Malherbe : « Alors, d'après l'enquête du Sunday Times, qui révèle donc cette liste de personnes sur la liste noire du Qatar, ces écoutes, elles étaient réalisées pour le compte du Qatar, mais depuis l'Inde, via un réseau. Est-ce que c'est possible à retracer, ça ? » Nathalie Goulet : « Probablement oui. Ça va demander des moyens, il va falloir que la justice s'en empare. Mais je crois qu'un de vos collègues de Mediapart avait déjà eu la puce à l'oreille et avait engagé une procédure également. Il y a aussi des journalistes britanniques et d'autres journalistes qui ont été écoutés. Je pense qu'on va quand même coordonner tout ça. Ça me semble être la seule façon. On n'aura jamais les moyens du Qatar pour assurer notre défense. Mais je pense qu'il va falloir de toute façon engager des poursuites. Moi je n'en resterai évidemment pas là. »



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