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Publié le 05 janvier 2023

« J'ai honte » En larmes, Manigold réalise qu'il se trompait en défendant le patron de TotalEnergies

Stéphane Manigold intervenait lors de l'émission « Les Grandes Gueules » diffusée sur RMC ce mercredi 4 janvier 2023.


“ Pouyanné, arrête de te gaver. ”

Stéphane Manigold : « Tu vois, je reviens de 48 heures où j'étais parti à la rencontre de mes confrères dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne, notamment pour aller à la rencontre de ce chef étoilé, Adrien. » Alain Marschall : « Adrien Soro. » Stéphane Manigold : « Adrien Soro, qui a fermé son restaurant. Jeune chef étoilé, un parcours brillant, mais le môme, il est broyé. Il est broyé parce qu'il ouvre son restaurant, il prend la première étoile au guide Michelin, qui est quand même une consécration et l'excellence de la gastronomie française. Et trois mois après, fermeture administrative à cause de la crise. Alors il a pris les 10 000 balles par mois, cher Étienne, soit rassuré. Mais ça n'a pas suffi, puisque derrière, absence de trésorerie. Son PGE, bah, il l'a utilisé pour réaménager, faire des travaux pour mieux recevoir sa clientèle. Et puis bing, lui tombe sur le coin de la tête cette crise énergétique, avec des envolées de factures complètement insupportables. Quand tu arrives à des situations où près de 50 % de ton chiffre d'affaires, de ce que tu collectes, tu le redonnes à TotalEnergies, qui se gave comme un s*lopard. Et je n'ai pas de terme, pardon. Parce que moi j'ai vu, la... Pardon. J'ai vu la tristesse de ces chefs d'entreprise. Dix, ils ont fermé. Parce qu'ils ne peuvent pas rouvrir, parce qu'ils sont massacrés. Et Pouyanné, aujourd'hui... Moi, j'ai honte. J'ai honte, vous savez pourquoi ? Parce que j'ai défendu TotalEnergies et les superprofits ici. Je les ai défendus... Les mecs se font m*ssacrer. Alors Pouyanné, arrête de te gaver et laisse les artisans travailler ! C'est un s*lopard, vraiment, je n'ai pas d'autres termes. Et qu'il vienne avec moi, qu'il vienne faire la tournée. Je suis désolé. » Alain Marschall : « Non, mais, on comprend ton émotion. D'autant que ce chef étoilé, Adrien Soro dont tu parles, il ferme son restaurant. »


“ Ce sont des dizaines, des centaines, des milliers de personnes qui se retrouvent à Pôle Emploi. ”

Alain Marschall : « Ses sept salariés en CDI, ils se retrouvent au chômage, quinze CDD qui perdent aussi leur boulot, et tous les jours, ce sont des dizaines, des centaines, des milliers de personnes qui se retrouvent à Pôle Emploi. Parce que tout ce qu'ils voudraient, c'est travailler, tout simplement. Et c'est simplement parce qu'ils ne peuvent pas payer une seule facture, ou qu'elle est reportée dans le temps. Ils se disent : " Mais de toute façon, il vaut mieux arrêter l'activité, parce que de toute façon on va dans le mur à moyen terme. " » Stéphane Manigold : « Mais c'est ce qui s'est passé. Tu sais, j'ai discuté avec un autre de mes confrères, Adrien Pedrazzi, qui, lui, a fermé, parce que fin décembre, il n'avait plus de contrat, que son énergie faisait X15, chez TotalEnergies encore – parce que tous les problèmes, régulièrement qu'on me remonte, c'est TotalEnergies, et ça fait X15. Mais qu'est-ce que tu veux faire quand ton contrat d'énergie fait X15 ? Tu perds de l'argent ! Donc il a fait quoi ? Il a fermé son restaurant. Mais tu te rends compte, pour un chef d'entreprise, fermer un restaurant, c'est un crève-cœur. Nous, on n'est pas là pour vivre des aides ou pour quémander, on est là pour travailler. » Étienne Liebig : « Est-ce que là, par exemple, avec cette décision de pouvoir renégocier son contrat... » Olivier Truchot : « Mais pour l'instant qui ne concerne pas les restaurateurs. » Étienne Liebig : « Oui, qui ne concerne pas... Mais de pouvoir renégocier son contrat avec un autre distributeur, est-ce qu'on est sûr de trouver moins cher ? Est-ce que c'est quand même TotalEnergies, d'après ce que tu dis, qui a quand même posé la barre très haut... Est-ce qu'on peut renégocier avec d'autres ? » Stéphane Manigold : « Enfin, je comprends même pas comment Bruno Le Maire, que j'apprécie au demeurant, puisse tenir ses propos. C'est du bon sens. »


“ C'est le paradis, la privatisation, non ? ”

Stéphane Manigold : « Quand le cours du gaz, puisqu'on nous explique que le cours de l'électricité est corrélé au cours du gaz... Alors j'ai regardé, c'est vrai. J'ai regardé : le cours du gaz, il est à 4,40 €. Et quand on payait l'électricité – puisque c'était corrélé – allez, on va arrondir, à 60 € le MWh, c'était à 2,20 €. Donc le cours du gaz, il a fait X2. Et donc quand tu sais qu'un tiers de la production d'un MWh, c'est le coût de production, donc on revient à 20. Quand il double, tu passes à 40, et derrière t'as les taxes, au pire tu le vends 80 ou 90. Donc, Olivier Truchot, quand tu poses la question : " Mais qui se gave ? " Mais on se fait... Je n'ai pas envie d'être vulgaire tellement c'est phénoménal, mais on est en train de m*ssacrer l'artisanat français. » Étienne Liebig : « Mais est-ce que c'est à l'État de payer ça ? » Stéphane Manigold : « Mais ce n'est pas à l'État de payer. » Étienne Liebig : « Bah, on est d'accord. » Stéphane Manigold : « Mais moi je suis député, mais demain je te change la loi. Je prends tout, je les m*ssacre les énergéticiens, parce qu'ils sont en train de m*ssacrer le tissu artisanal de ce pays. » Étienne Liebig : « C'est le paradis, la privatisation, non ? » Stéphane Manigold : « Mais pas sur tous les sujets ! Mais pas sur l'énergie, ni sur la santé. » Étienne Liebig : « Sur la SNCF, oui ?! » Olivier Truchot : « Non, parce qu'on a mis en place une mauvaise concurrence, une fausse concurrence. » Stéphane Manigold : « Mais bien sûr ! On a demandé à des énergéticiens de vendre à des prestataires à 42 euros le MWh. Ces mêmes énergéticiens nous le revendent entre 800 et 1000 ! » Étienne Liebig : « Je suis d'accord. » Olivier Truchot : « En fait, c'est la concurrence qui est organisée par l'État qui est pas bonne. » Étienne Liebig : « Oui, enfin bon ! » Stéphane Manigold : « C'est le gavage d'intermédiaires qui ne sert à rien. »



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