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Publié le 08 juin 2022

En situation de handicap, cet homme remet en place Élisabeth Borne et son discours

Laurent, un auditeur de RMC en situation de handicap, intervenait lors de l'émission « Les Grandes Gueules » diffusée ce mercredi 8 juin 2022.

« J'ai été outré de ce qu'elle a dit »

Alain Marschall : « ... Laurent, qui est handicapé. Bonjour Laurent. » Laurent (auditeur) : « Oui, bonjour Monsieur. » Alain Marschall : « Merci de nous appeler, Laurent. Comment avez-vous réagi en entendant Madame Borne ? » Laurent (auditeur) : « J'ai été outré de ce qu'elle a dit. Vraiment, vraiment outré. Et je vais vous prendre mon exemple : je suis handicapé, je ne peux plus travailler, ils m'ont interdit de travailler parce que j'ai des douleurs au dos, c'est-à-dire que j'ai de l'arthrose qui me coince les vertèbres et les nerfs des jambes. Donc je suis obligé de prendre des cachets, douze cachets par jour, matin, midi et soir, ce qui me fait dormir. Quand je suis trop longtemps debout, j'ai mal. Quand je suis trop longtemps allongé, j'ai mal. Quand je suis trop longtemps assis, j'ai mal. » Olivier Truchot : « Vous avez quel âge, Laurent ? » Laurent (auditeur) : « J'ai 56 ans. » Marie-Anne Soubré : « Et vous aviez un travail avant, c'est ça ? » Laurent (auditeur) : « Bien sûr. J'étais à mon compte, j'étais fleuriste. » Alain Marschall : « Et que vous est-il arrivé, Laurent ? » Marie-Anne Soubré : « C'est de l'arthrose, il l'a dit. » Laurent (auditeur) : « C'est de l'arthrose à force de travailler. J'ai fait plusieurs métiers dans ma vie, j'ai fait plein de métiers. Et c'est ça qui m'a usé mon dos. »

« Ils m'ont enlevé mon honneur, ils m'ont enlevé tout »

Olivier Truchot : « Votre corps est usé, votre dos est usé. » Laurent (auditeur) : « Mon corps est complètement usé. » Olivier Truchot : « Et alors, comment ça se passe maintenant pour vous ? » Laurent (auditeur) : « Ben maintenant, je suis à la solde de ma femme. C'est-à-dire que si je veux lui acheter un bouquet de fleurs... Je m'excuse... » Alain Marschall : « Je vous en prie, allez-y. » Laurent (auditeur) : « Si je veux lui acheter un bouquet de fleurs, bah je suis obligé de lui demander de l'argent. Donc c'est son argent. Si je veux acheter quoi que ce soit, c'est son argent. Moi, je n'ai plus rien, j'ai honte de ce que je suis devenu. » Alain Marschall : « Mais Laurent, aujourd'hui, vous bénéficiez d'une allocation, ou pas du tout ? » Marie-Anne Soubré : « Bah non, il ne l'a pas, à cause de sa femme. » Alain Marschall : « Justement, parce que votre épouse... Mais quels sont les revenus de votre épouse ? » Laurent (auditeur) : « Bah, ma femme, elle travaille à son compte, et donc on dépasse le plafond autorisé de la Sécurité sociale. Donc c'est elle qui a l'argent. Mais moi j'ai rien, j'ai plus rien, ils m'ont tout enlevé. Ils m'ont enlevé mon honneur, ils m'ont enlevé tout. »

« C'est quand même une situation où on perd sa dignité »

Marie-Anne Soubré : « Eh oui, eh oui, parce qu'en fait, vous, vous aviez un travail, vous étiez autonome et indépendant, et du jour au lendemain... » Laurent (auditeur) : « J'avais quand même une petite rentrée, c'était 900 € qu'ils me donnaient. 900 €, je pouvais au moins offrir quelque chose, ne serait-ce qu'à mes enfants ou à ma femme. Maintenant, j'ai plus rien. » Olivier Truchot : « Donc là, on fait quand même des économies – pardon, mais on s'arrête un instant –, on fait quand même des économies sur des postes où on ne devrait pas en faire, je veux dire. Si la solidarité nationale doit jouer, c'est vraiment pour aider des gens comme Laurent. On distribue des aides à tout va, pardon, mais à un moment donné, on peut se poser la question : pourquoi on met pas le paquet sur ce... Le " quoi qu'il en coûte " est-il bien dirigé ? » Alain Marschall : « Laurent, est-ce que vous avez demandé l'ACTP, l'Allocation compensatrice pour tierce personne ? Parce qu'il n'y a pas que l'allocation adulte handicapé... » Laurent (auditeur) : « Oui, je n'y ai pas droit. » Alain Marschall : « À cause des revenus de votre épouse aussi ? » Laurent (auditeur) : « Voilà. J'ai le droit à rien. Oui, à cause des revenus. » Didier Giraud : « En fait, ce que vous nous décrivez, Laurent, c'est quand même une situation où on perd sa dignité, quoi. » Laurent (auditeur) : « C'est ça. J'ai écrit, j'ai fait un courrier au président de la République il y a deux ans. Ça n'a rien donné, ils m'ont simplement dit de me rapprocher auprès des assistantes sociales. »

« Avant, on vivait bien, et maintenant on vivote »

Laurent (auditeur) : « Mais ils se renvoient la balle sans arrêt. Ils se renvoient la balle. » Didier Giraud : « Oui, ça veut dire que ce que vous avez en face de vous, en gros, c'est l'administration qui vous répond. Un peu comme Madame Borne a répondu à cette dame, quoi. Il y a une similitude là-dedans. » Laurent (auditeur) : « C'est ça, c'est exactement ça. » Alain Marschall : « Laurent, merci d'avoir été avec nous. Merci d'avoir vous-même témoigné. » Laurent (auditeur) : « De rien. » Alain Marschall : « Vous saluez votre épouse pour nous aussi, parce que je sais qu'elle est pas loin, je pense. » Laurent (auditeur) : « Oui, bah là, elle est partie travailler, il faut bien manger, hein. » Alain Marschall : « Elle fait quoi dans la vie ? » Laurent (auditeur) : « Elle est agent immobilier. Et si elle ne vend pas, on ne mange pas, c'est ça le truc. Maintenant, on vit sur un seul salaire. C'est-à-dire qu'avant, on vivait bien, et maintenant on vivote, quoi. » Alain Marschall : « Oui, c'est pour ça que ce serait important pour vous d'avoir l'allocation. » Laurent (auditeur) : « Oui, oui. » Alain Marschall : « Merci, Laurent. »



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