La brillante analyse de Nathan Devers sur les mesures liberticides : « Il ne faut pas que ça se reproduise »
Nathan Devers intervenait lors de l'émission « On peut tout se dire » diffusée sur CNews ce dimanche 31 juillet 2022.
« Monsieur Delfraissy, dans une interview au " Parisien ", a fait son mea culpa »
Nathan Devers : « J'ai beaucoup entendu dire, chez les uns et les autres, que la suppression de cet état d'urgence montrait que les gens qui critiquaient la politique sanitaire avaient tort. Pourquoi ? Parce que notre argument, en gros, était de dire : " Attention, dans un état d'urgence, les mesures d'urgence sont des mesures qui sont amenées, d'une manière ou d'une autre, à se pérenniser. " Des mesures qui sont amenées à laisser une trace politique quand il y a retour à la normale, à se normaliser. Donc danger. Voilà, c'était en gros l'argument qui était celui de Mathieu Slama, de Bernard-Henri Lévy, d'Agamben, de tout un tas de gens, de moi-même. Et évidemment, on pourrait être tenté de croire que, de fait, la fin de cet état d'urgence montre que nous avions tort. Je ne pense pas, pour deux raisons. D'abord, j'ai noté avec amusement, et intérêt aussi, que Monsieur Delfraissy, dans une interview au " Parisien ", a fait son mea culpa sur un certain nombre de sujets. »
« Le nombre de gens qui ont dit ça pendant deux ans et qu'on traitait de criminels »
Nathan Devers : « Il a notamment dit cette phrase que j'ai trouvée assez importante, il a dit : " Nous avons fait passer à un certain moment le sanitaire avant l'humain. " Si vous voulez, le nombre de gens qui ont dit ça pendant deux ans et qu'on traitait de criminels parce qu'ils disaient : " Attendez, il n'y a pas que le sanitaire, il y a l'humain, et la santé, c'est un état complet de bien-être social, moral et médical, les trois à la fois. " Eh bien là, Monsieur Delfraissy l'a dit. Donc j'en prends acte, il l'a dit. Il a dit aussi qu'on n'a pas assez consulté les citoyens. Vous voyez, les gens qui disaient ça pendant deux ans, on les criminalisait aussi un peu, on estimait qu'ils n'étaient pas dans la solidarité, dans la fraternité. Eh bien, ils ont manifestement eu raison de le dire, puisque Monsieur Delfraissy l'a reconnu lui-même, alors que c'était celui à qui on le reprochait.
« Il ne faut pas que les mesures liberticides rentrent dans notre boîte à outils »
Nathan Devers : « Et la dernière chose que j'aimerais dire, c'est que tout cela est quand même une affaire de réflexe. C'est-à-dire que votre bandeau, là : " Sommes-nous prêts pour d'autres épidémies ? " pose la bonne question. Est-ce que, quand il y aura demain une nouvelle épidémie, imaginons même encore plus mortelle que le covid – c'est possible, ce n'était pas non plus le record dans l'histoire des épidémies –, est-ce que les premiers réflexes de l'État, ça va être : confiner, supprimer les libertés, masque obligatoire, fermeture des écoles, etc. ? Si c'est ça, c'est vraiment une défaite. Pour reprendre l'expression de Mathieu Slama : " Il ne faut pas que le confinement, que toutes ces mesures liberticides rentrent dans notre boîte à outils, dans notre dispositif. " Parce que si c'est le cas, ça signifie qu'en fait, nos libertés peuvent être supprimées à tout moment, en raison, demain d'un problème sanitaire, après-demain d'un problème écologique, etc. Et donc ça c'est vraiment une ligne rouge, il ne faut pas que ça se reproduise. »