Reconnaissance faciale : le calvaire d'une femme enceinte injustement arrêtée

Les défaillances de la reconnaissance faciale

Porcha Woodruff n'aurait jamais imaginé qu'une technologie d'intelligence artificielle (IA) la désignerait un jour comme étant  pour un acte qu'elle n'avait jamais commis. Résidente du Michigan, elle a subi l'impensable à cause d'une erreur de reconnaissance faciale. Après cette mauvaise identification, des agents de la loi l'ont arrêtée, l'obligeant à passer près de onze heures dans des conditions difficiles, en dépit de sa grossesse avancée.

Elle a intenté une action en justice, accusant la ville de Detroit et l'officier d'enquête d'un arrêt injustifié. Mais quelles étaient les preuves ? Uniquement une correspondance faciale. En effet, cette technologie a identifié son visage à partir d'une caméra de surveillance d'une station-service. Quinze jours après son interpellation, les charges retenues contre elle ont été abandonnées en raison d'un manque de preuves tangibles.

Défis et faiblesses de l'IA

Le recours à la reconnaissance faciale par des agents de la loi est sujet à controverse, en particulier parce que de nombreuses études ont révélé que ces algorithmes sont moins précis pour identifier les personnes de couleur. Les défenseurs des droits de l'homme critiquent depuis longtemps ces technologies, car les erreurs d'identification peuvent avoir des conséquences désastreuses, surtout lorsqu'il s'agit de populations non représentées pendant la phase de formation des algorithmes.

Moment familial terrible

L'histoire de Porcha Woodruff est particulièrement bouleversante lorsqu'on prend en compte les circonstances. Les agents de la loi sont arrivés à son domicile le 16 février avec un mandat d'arrêt. Face à cette accusation inattendue, Porcha Woodruff, en état de choc, a tenté de faire valoir son innocence en soulignant son état de grossesse avancé. Cependant, malgré les objections et les appels à la raison de ses proches, elle a été arrêtée de manière traumatisante, devant ses enfants, son partenaire et ses voisins.

Le stress et la déshydratation ont eu un impact négatif sur sa santé. Après une journée éprouvante au poste, elle a dû être vu par des médecins. Les médecins ont découvert qu'elle souffrait de contractions prématurées et d'une faible fréquence cardiaque, des complications directement liées à la détresse émotionnelle qu'elle avait subie.

Elle a passé 11h au commissariat pour rien et a dû payer 100 000$ de caution pour avoir été confondue avec une autre femme noire. Porcha Woodruff, résidente de l’État du Michigan, a porté plainte pour arrestation abusive contre la ville de Detroit et contre la policière en charge… pic.twitter.com/BDZ6F4g8uC

— AJ+ français (@ajplusfrancais) August 9, 2023

Responsabilité et conséquences

La plainte déposée par Porcha Woodruff remet en question ce genre de pratiques par des agents de la loi, notamment le manque de protocoles appropriés concernant l'utilisation de la reconnaissance faciale. Il est évident que l'absence de formation adéquate et l'indifférence face aux conséquences potentiellement compliquées pour les innocents mis en cause sont de graves problèmes.

Dans le contexte, cette affaire souligne l'urgence de repenser l'utilisation de la reconnaissance faciale. Suite à la pression exercée par diverses organisations, de grands acteurs technologiques tels qu'Amazon, Microsoft, IBM et Google ont suspendu la vente de leurs technologies de reconnaissance faciale aux services fournissant les agents de la loi, au moins temporairement.