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Publié le 04 octobre 2022
Retraites : cet eurodéputé remet un journaliste en place sur BFM TV !
Manuel Bompard était l'invité de l'émission « 24h Max » diffusée sur BFM TV ce lundi 3 octobre 2022.
« Vous pensez qu'Emmanuel Macron a été élu sur son programme ? »
Samuel Fitoussi : « Pour l'appel aux Français à aller dans la rue, il y a un côté anti-démocratique, parce que cette mesure était une des seules mesures claires dans le programme d'Emmanuel Macron, c'est simplement : on va décaler l'âge de la retraite à 64 ans ou 65 ans, et les Français ont voté massivement pour. » Manuel Bompard : « Non. » Samuel Fitoussi : « Bah... Emmanuel Macron a été élu. » Manuel Bompard : « Vous pensez qu'Emmanuel Macron a été élu sur son programme ? » Samuel Fitoussi : « Emmanuel Macron a été élu et c'est le principe d'une élection. » Manuel Bompard : « Mais pourquoi 80 % des Français aujourd'hui sont contre le report de l'âge de départ à la retraite, alors ? » Samuel Fitoussi : « Mais parce que les Français sont pour ce qui les arrange. Évidemment, les Français n'ont pas envie de travailler. N'empêche qu'ils soutenaient Macron sur un programme de réformes relativement réaliste. » Manuel Bompard : « Non, les Français n'ont pas " pas envie de travailler ". »
« Vous avez des propos qui sont extrêmement désobligeants »
Manuel Bompard : « Et vous avez des propos qui sont extrêmement désobligeants pour des gens qui... » Samuel Fitoussi : « Non, mais je parle des Français, je parle de moi aussi, hein. » Manuel Bompard : « Non, mais d'accord, mais peut-être que vous, vous n'avez pas envie de travailler, mais moi je connais des gens qui arrivent à 59 ans, 60 ans, 61 ans... Vous faites ce que vous voulez, mais il y a des gens, monsieur, ce n'est peut-être pas votre cas, mais quand ils arrivent à 60 ans, en fait, ils sont usés par la vie. Et leur dire que : " Vous allez travailler deux ou trois ans de plus ", c'est profondément inhumain. Voilà. » Samuel Fitoussi : « Ce n'est pas inhumain. » Manuel Bompard : « Et donc, ce n'est pas un problème de " ils veulent travailler plus longtemps ou ils ne veulent pas travailler plus longtemps ". Il y a des gens qui ne peuvent pas travailler plus longtemps. » Samuel Fitoussi : « On est d'accord, je pointais juste du doigt le fait que si vous faites un sondage : " Voulez-vous une retraite à un âge plus élevé ou pas ? " Forcément, les résultats vont être massivement favorables à une retraite plus jeune, c'est une évidence. »
« Les gens ne sont pas bêtes, monsieur. Ils sont capables de réfléchir »
Manuel Bompard : « Mais pourquoi ? Mais les gens ne sont pas bêtes, monsieur. Ils sont capables de réfléchir, ils sont capables de se poser des questions. » Samuel Fitoussi : « Oui, mais, du coup, moi, je vous pose la question. Vous parlez à juste titre de la planète qu'on va léguer à nos enfants, du pays qu'on va léguer à nos enfants en termes de climat. Maintenant, sur les retraites, la caisse de retraite est en déficit. » Manuel Bompard : « C'est faux. Elle est excédentaire, comme la caisse de l'assurance chômage cette année. » Samuel Fitoussi : « Et en 2030, elle va passer gravement en déficit. » Manuel Bompard : « Ah non, mais vous venez de dire qu'elle est en déficit, elle n'est pas en déficit, vous êtes d'accord ? Elle est excédentaire. » Samuel Fitoussi : « Oui, parce qu'il y a eu un effet inattendu de croissance post-covid. » Manuel Bompard : « Donc elle est excédentaire ? » Samuel Fitoussi : « Oui, elle est excédentaire aujourd'hui et elle va passer extrêmement en déficit dès l'année prochaine. »
« Donc, vous venez de dire quelque chose de faux »
Manuel Bompard : « Donc, elle n'est pas en déficit. Donc, vous venez de dire quelque chose de faux. » Samuel Fitoussi : « Excusez-moi, je retire. Mais dans la prochaine décennie, elle va être extrêmement en déficit. J'ai fait un raccourci. » Manuel Bompard : « C'est faux, mais enfin, écoutez. Moi, je veux bien qu'on discute indépendamment des faits. Je suis désolé, c'est pas du tout pour polémiquer avec vous, je n'ai rien contre vous, mais je me permettais juste de corriger vos propos et je corrige la suite de vos propos. Le rapport du Conseil d'orientation des retraites, qui est sorti il y a quelques semaines, dit précisément les choses. Je ne vais pas citer la phrase de tête, mais il tord le cou à l'idée d'une trajectoire incontrôlée des dépenses de retraites. Cette phrase figure dans le rapport du Conseil d'orientation des retraites. Donc il n'y a aucune nécessité économique à réformer les retraites aujourd'hui. Excusez-moi de vous le dire, mais ce n'est pas vrai. » Samuel Fitoussi : « On avait 4 actifs pour financer un retraité en 1950, on en a 1,7 maintenant, on en aura 1,3 dans 20 ans. »
« À qui profitent ces gains de productivité ? »
Manuel Bompard : « Je connais ce raisonnement. Mais il y a quelque chose qui vous échappe dans votre raisonnement, c'est ce qu'on appelle la productivité du travail. C'est que les 4 actifs dont vous parliez en 1950, pour produire la quantité de richesse qu'ils produisaient à l'époque, il en faut aujourd'hui plus qu'un ou plus que deux. Et donc la question, la seule question qui est posée, c'est : à qui profitent ces gains de productivité ? Vous, vous pensez qu'ils doivent profiter aux grandes entreprises qui ont atteint cette année un record de dividendes, plus de 33 %. Moi je pense qu'ils doivent servir à la réduction du temps de travail, c'est un débat de société. »