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Publié le 08 novembre 2022

Sale quart d'heure : quand le « Monsieur Retraites 2020 » se fait sermonner par une journaliste

Laurent Pietraszewski, Secrétaire d'État chargé des Retraites et de la Santé au travail de juillet 2020 à mai 2022, était l'invité de l'émission « Dimanche en politique » le dimanche 26 janvier 2020.


“ Pourquoi le pouvoir que vous représentez ne veut-il pas entendre qu'une grande majorité des citoyens ne veut pas travailler plus longtemps ? ”

Véronique Marchand : « On n'a pas beaucoup de temps, Laurent Pietraszewski, alors on ne va pas tourner autour du pot. On laisse les éléments de langage de côté et on le dit clairement : le projet a pour but de faire travailler les Français plus longtemps. D'après un sondage Elabe pour BFM qui a été publié jeudi, 61 % des Français demandent à Emmanuel Macron de tenir compte de la contestation et de retirer le texte. Pourquoi le pouvoir que vous représentez ne veut-il pas entendre qu'une grande majorité des citoyens ne veut pas travailler plus longtemps ? En fait, c'est un choix de société que pose la question de ce projet de réforme. C'est le sens du travail, c'est le sens de la vie, c'est le sens de la manière dont notre société considère la vieillesse. Pourquoi 14 %, c'est trop ? » Laurent Pietraszewski : « Cette trajectoire, nous avons rappelé que nous faisions cette transformation des retraites à enveloppe constante, c'est-à-dire que... » Véronique Marchand : « Mais pourquoi ? C'est ça, ma question, elle porte sur la philosophie. Pourquoi voulez-vous que ce soit à enveloppe constante ? C'est votre choix de société. » Laurent Pietraszewski : « C'est bien parce que nous ne faisons pas d'économies et c'est la différence. C'est la différence qu'il y a entre la transformation de société que nous portons et les réformes budgétaires, techniques qui ont pu être faites précédemment, puisque celles-là, elles étaient budgétaires. »


“ Moins d'argent pour les vieux. ”

Laurent Pietraszewski : « Nous sommes sur une transformation de société. » Véronique Marchand : « Qu'on vous comprenne bien, Monsieur le Ministre, vous voulez diminuer la part du financement des retraites dans la richesse nationale. Moins d'argent pour les vieux. » Laurent Pietraszewski : « C'est intéressant, votre façon de lire le sujet, mais ce n'est pas exact. » Véronique Marchand : « Mais voilà, au moins vous allez me répondre. » Laurent Pietraszewski : « Prenons la réalité, qu'est-ce qu'il s'est passé sur les dix dernières années ? D'ailleurs, j'invite tous ceux qui nous suivent en ce dimanche à aller sur le site du COR, du Conseil d'orientation des retraites – conseil indépendant, ils pourront le vérifier. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Nous avons, dans les dix dernières années, vu 2 millions de Français devenir retraités en plus. Nous avons vu les pensions moyennes augmenter de 20 %, et tout cela en restant sous la barre de 14 % du produit intérieur brut. Pourquoi ? Parce que cette richesse nationale, elle se développe. » Véronique Marchand : « Pourquoi travailler plus longtemps ? » Laurent Pietraszewski : « Alors, nous y allons. » Véronique Marchand : « En sachant, Monsieur le Ministre, que l'espérance de vie en bonne santé des Français, c'est grosso modo 63 ans. »


“ Ça veut dire, quelque part, une forme de maltraitance institutionnelle. ”

Laurent Pietraszewski : « Pourquoi vouloir faire travailler les gens plus longtemps ? Ça veut dire, quelque part, une forme de maltraitance institutionnelle. Vous envoyez les gens à la retraite en mauvaise santé. Ça veut dire aussi que ce sont des cotisations qui ne rentrent pas assez. La piste de l'augmentation des cotisations, des salaires, des salaires des femmes, une véritable égalité, elle n'est pas sur la table du gouvernement. Vous avez troqué le temps contre l'argent, et ça, les femmes n'ont plus le choix. » Laurent Pietraszewski : « Moi, j'ai deux filles. La réalité, Véronique Marchand, et tant mieux, c'est que le taux d'activité des femmes progresse, que les attentes des femmes, c'est de voir évoluer leur salaire. Et à la rigueur, ça fait l'objet d'un débat sur lequel on pourrait être d'accord tout à l'heure. » Véronique Marchand : « Mais pourquoi vous ne leur avez pas laissé le choix ? » Laurent Pietraszewski : « Et donc de voir évoluer leur montant de pension, parce que vous savez ce qu'il se passe aujourd'hui ? C'est qu'on contribue à paupériser les femmes en mettant de la durée et pas des montants de pension qui compensent le préjudice de carrière. Parce que celles qui ont le préjudice de carrière, ce sont les femmes, et elles attendent que cela soit compensé par de la rémunération. » Véronique Marchand : « Donc les femmes auront désormais de l'argent, mais pas du temps pour compenser les maternités et le temps partiel. »



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