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Publié le 31 janvier 2021

Un restaurateur invite tout le monde à rouvrir: «Peste ou choléra: soit je meurs, soit je ferme ma gueule?»

Le restaurateur Stéphane Turillon était l'invité de Pascal Praud ce vendredi 8 janvier 2021 sur la chaine CNews.

«Aujourd'hui, ce qui est illégal, c'est de ne pas me laisser travailler»

Pascal Praud: «Vous êtes restaurateur et vous voulez ouvrir votre restaurant ?» Stéphane Turillon: «Oui, c'est ça.» Pascal Praud: «Mais c'est parfaitement illégal.» Stéphane Turillon: «Et alors ? Qu'est-ce qui est illégal, dites-moi ? Ce qui est illégal c'est de privatiser 240.000 restaurateurs voilà ce qui est illégal. Aujourd'hui, ce qui est illégal, c'est de ne pas me laisser travailler. Ce qui est légal, c'est d'empêcher un million de personnes qui représentent 10 % du PIB de ne pas travailler. D'accord, ça, c'est illégal, parce qu'aujourd'hui, on ne fait rien. Donc, il faut arrêter de me dire à moi, simple cuisinier avec un CAP, je n'ai pas la science infuse de rien, moi, que des énarques du gouvernement m'empêchent, moi, de bosser, ça ne va pas, non? La devise française, c'est quoi ? Liberté, égalité, fraternité. La liberté, je ne l'ai pas, l'égalité, je ne l'ai pas non plus, la fraternité, je ne l'ai pas non plus.»

«Entre la peste et le choléra, soit je meurs, soit je ferme ma gueule»

Pascal Praud: «Vous êtes propriétaire de votre restaurant ?» Stéphane Turillon: «Bien sûr !» Pascal Praud: «Vos salariés, ils sont d'accord avec vous pour reprendre le 1er février ?» Stéphane Turillon: «Tout le monde est d'accord !» Pascal Praud: «Mais eux, ils se mettent dans l'illégalité aussi !» Stéphane Turillon: «Vous savez que l'on a plus de 5.000 personnes qui veulent venir, qui ont réservé.» Pascal Praud: «Ils se mettent dans l'illégalité vos salariés !» Stéphane Turillon: «Ce n'est pas grave.» Pascal Praud: «Et alors ce qui va se passer, c'est simple, c'est que les policiers vont arriver.» Stéphane Turillon: «Si je vous écoute entre la peste et le choléra, soit je meurs, soit je ferme ma gueule.» Pascal Praud: «Ce n'est pas ça. C'est que les clients, d'abord, les clients, ils ne vont pas vouloir rentrer.» Stéphane Turillon: «Bien sûr que si.»

«Répondez-moi, je fais quoi ? Je meurs ?»

Pascal Praud: «Ils sont dans l'illégalité. Les gens qui travaillent avec vous, ils sont dans l'illégalité. Vous êtes dans l'illégalité. Qu'est-ce qui va se passer ? Les gendarmes ou les policiers vont arriver, ils vont fermer votre établissement et vous allez durer une heure.» Stéphane Turillon: «Ca c'est technocratique. Vous savez quoi ? Non, mais je comprends ce que vous dites mais à un moment donné, il faut arrêter deux minutes de raconter n'importe quoi, d'accord ? Soit je meurs, soit je me tais. Je fais quoi ? Je meurs ?» Pascal Praud: «Mais vous allez vraiment mourir ?» Stéphane Turillon: «Non mais dites moi. Répondez-moi, je fais quoi ? Je meurs ? Non mais la réponse c'est ça !» Pascal Praud: «Vous, vous allez mourir ?» Stéphane Turillon: «Bien sûr que je vais mourir si je n'ouvre pas !» Pascal Praud: «Votre entreprise, elle meurt ?» Stéphane Turillon: «Bien sûr, elle meurt.»

«Si on n'ouvre pas en juin, j'aurais déposé le bilan»

Pascal Praud: «Mais vous ne pouvez pas tenir 10 mois ?» Stéphane Turillon: «Je viens d'avoir mon comptable. Il me dit : " Continue ton prêt PGE. " J'ai encore un bout du prêt PGE que je n'ai pas pris. Je vais prendre le prêt PGE. Si on n'ouvre pas en juin, j'aurais déposé le bilan.» Pascal Praud: «Mais alors pourquoi vous payez, par exemple, les charges patronales ? Vous pouvez peut être les décaler ?» Stéphane Turillon: «Attendez, admettons, je fais ça. Je décale les charges patronnales. À la reprise, on me demandera les charges.» Pascal Praud: «Oui mais vous pouvez faire trainer à la limite.» Stéphane Turillon: «Non, non. L'année dernière, on a fait la même chose, en juillet, je me suis retrouvé avec 16 000 euros de charges supplémentaires. Reculer pour mieux sauter, ça n'a aucun sens. Donc, comprenez moi, je comprends ce que vous faites, je veux bien tout ce que vous voulez, d'accord ?» Pascal Praud: «En plus, vous savez bien que nous, on est, moi, en tout cas, derrière les restaurateurs et j'ai envie que tout rouvre.» Stéphane Turillon: «Mais je sais, ce n'est pas contre vous que je m'agace.»

«Moi, la peur que j'ai, c'est qu'ils ne rouvriront rien»

Pascal Praud: «Vous comprenez bien les questions que je pose là.» Stéphane Turillon: «Mais ce n'est pas ça, ce sont toujours les mêmes, ça n'avance pas. C'est quoi cet immobilisme ? Mais c'est un truc de dingue.» Pascal Praud: «C'est qu'il n'y a pas de visibilité.» Stéphane Turillon: «Mais à un moment donné, il faut le dire, on ouvre quand ? On fait quoi ? C'est qui le patron à la tête de l'Elysée, ce n'est pas moi!» Pascal Praud: «Monsieur Turillon, vous allez rouvrir en septembre, peut-être !» Stéphane Turillon: «Arrêtez !» Pascal Praud: «Mais je pense qu'avec le gouvernement que l'on a, je vous assure, moi, la peur que j'ai, c'est qu'ils ne rouvriront rien, tant qu'il y aura le moindre risque !» Stéphane Turillon: «Et bien raison de plus ! J'invite vraiment tous mes collègues restaurateurs, bars, cafetiers, hôtels, restaurants, tout ce qui est discothèques, tout le monde !» Pascal Praud: «A rouvrir tous ?»

«Pourquoi il va fermer 240.000 restaurants d'un coup ?»

Stéphane Turillon: «On doit tous rouvrir ! Pourquoi il va fermer 240.000 restaurants d'un coup ?» Pascal Praud: «Alors ça, c'est un autre problème. Si effectivement, les 240 000 restaurateurs, bars ouvrent en France, ça, c'est autre chose.» Stéphane Turillon: «Nous, on n'est pas là pour casser des choses. On est là pour construire un avenir au pays parce que demain, si vous m'empêchez de faire travailler mes salariés, on ne cotisera pas à la Sécurité sociale, on perdra la Sécurité sociale, on va tous s'endetter, on va vous faire une banqueroute énorme et tout le monde verra.» Pascal Praud: «Est-ce que vous comprenez les raisons qui vous sont données, c'est- à-dire les hôpitaux surchargés ?» Stéphane Turillon: «C'est la faute à qui? C'est la mienne ?Je ne suis pas à la tête de l'Etat. Ce n'est pas moi qui ai viré 8.000 lits ! Ce n'est pas moi, je suis désolé.» Pascal Praud: «On vit tous ensemble, on vit tous en collectivité.»

«Si on vit tous ensemble, pourquoi je n'ai pas le droit de travailler ?»

Stéphane Turillon: «Et bien justement, si on vit tous ensemble, pourquoi je n'ai pas le droit de travailler?» Pascal Praud: «Au nom, précisément de la collectivité, vous n'avez pas le droit de travailler.» Stéphane Turillon: «Donc, ça veut dire qu'on va sauver des gens, j'entends, d'accord. Pour 60.000 morts, on va en tuer 240 000 ? Plus un million d'emplois, ça vous dérange pas ?» Pascal Praud: «En tout cas ce débat, il n'est pas tranché par l'opinion publique. Ça serait intéressant, s'il était tranché.» Stéphane Turillon: «Est-ce que vous pensez aux saisonniers ? Les saisonniers qui sont à la montagne, on en parle ? OK, les mecs, ils n'ont plus de boulot, ils n'ont plus de logement. Ils n'ont pas le droit aux Assédic puisqu'ils n'ont pas assez cotisé. D'accord ? Ils sont obligés de rester sur leurs droits d'avant, et comme ils n'ont pas travaillé l'été ou très peu avec le Covid, ils n'ont droit à rien.»



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