SOCIAL

Publié le 05 février 2022

«Vous vous fichez de nous» Ce député s'en prend lourdement au PDG d'une chaîne d'Ehpad privés

François Ruffin, député, intervenait lors de la Commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale ce mercredi 2 février 2022.

«Je n'entends rien d'un début de remise en cause ici. J'entends du déni»

François Ruffin: «" Nous étions rationnées, c'était trois couches par jour maximum et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu'il ait une gastro, qu'il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir. " C'est une aide soignante de votre groupe, du groupe Orpéa qui s'exprime ainsi. Et manifestement, il n'y a pas que les couches qui étaient rationnées. Les repas aussi, les soins avec moins de soignants et plus de patients. Bref, c'est l'humain qui était rationné. Et à chaque rationnement, à un bout pour des usagers, pour des personnes âgées, ce sont des dividendes, des bénéfices à l'autre bout qui se chiffrent en centaines de millions d'euros avec jusqu'à 25% de marge. Tout cela est aujourd'hui dévoilé, dénoncé par vos soignants, par d'anciens cadres, par des familles. Et de vous aujourd'hui, dans cette commission, on attendrait au moins des excuses et sans doute une remise en cause. Et je n'entends rien d'un début de remise en cause ici. J'entends du déni.»

«J'ai le sentiment que vous vous fichez de nous»

François Ruffin: «J'entends qu'on me parle d'incidents regrettables, d'éventuelles erreurs et j'ai l'impression que, pour reprendre un truc d'Audiard, il faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. J'ai le sentiment que vous vous fichez de nous quand vous parlez d'humanisme, quand vous parlez de bienveillance plein la bouche, quand vous parlez de vos valeurs qui sont avant tout boursières et en plus parfois avec des voix larmoyantes. Quand vous vous planquez derrière vos salariés, à coup sûr admirables. Quand vous nous dites que ce n'est pas un système, mais bien sûr que c'est un système. Vous pouvez dire que le système, au fond, il est celui de toutes les entreprises privées qui est d'aller chercher de l'argent là où il se trouve pour le redistribuer à des actionnaires qui sont ceux qui vous missionnent. Mais l'absence de remise en cause aujourd'hui, elle me paraît au moins aussi grave que le système qui a perduré. Et c'est comme si le monstre froid était incapable de se remettre en cause, de se rediriger à ce moment-ci. La question que je vous pose, c'est est-ce que vous pensez qu'on doit encore laisser les personnes âgées entre les mains des financiers ? Votre groupe pratique les marges arrières, vous avez été dans la grande distribution; est-ce que nos anciens sont comme des produits alimentaires dans un supermarché et qu'on a du profit à tirer sur leur fin de vie?»



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