ENVIRONNEMENT

Publié le 12 juin 2022

« La voiture propre électrique, c'est un mensonge » le porte-parole de l'ACA dénonce

Yves Carra, le porte-parole de l'Automobile Club Association, était l'invité de l'émission « Apolline Matin » diffusée ce jeudi 9 juin 2022 sur RMC.

« Le problème, c'est le moteur thermique ou est-ce que c'est ce qu'on met dans le moteur thermique ? »

Yves Carra : « C'est la fin de la vente des moteurs thermiques neufs légers en 2035. On ne parle pas des avions, on ne parle pas des bateaux, on ne parle pas des véhicules militaires, on ne parle pas des engins agricoles, on ne parle pas de tout ça. Alors, attention, on est tous pour décarboner au maximum l'activité humaine et ne plus se servir du pétrole et du gaz. On est d'accord. Mais est-ce que le problème, c'est le moteur thermique, ou est-ce que c'est ce qu'on met dans le moteur thermique ? Je vous pose la question. » Apolline de Malherbe : « Bah, c'est ce qu'on met dans le moteur thermique, mais est-ce qu'on a autre chose ? » Yves Carra : « Alors, on a ce qu'on appelle du carburant liquide non carboné – c'est le terme officiel –, qu'on sait faire. Par exemple, le superéthanol, le E85, c'est quasiment ça. On met juste 15 % de pétrole dedans. Mais on prend un liquide qui a un pouvoir explosif qu'on met dans un moteur thermique. On met même de l'hydrogène dans un moteur thermique en changeant juste les injecteurs, et ça permet de le faire fonctionner, et vous n'avez quasiment pas de pollution à la fin du pot d'échappement.

« On fait porter le chapeau aux particuliers ? »

Yves Carra : « Donc le problème, ce n'est pas le moteur thermique, c'est ce qu'on met dedans. Et vous savez, c'est très anxiogène, cette décision qui a été prise et ce n'est pas à négliger vis-à-vis de toutes les personnes qui vivent, qui n'ont pas besoin qu'on en rajoute une couche aujourd'hui. » Apolline de Malherbe : « Mais quand même, j'aimerais bien comprendre, Yves Carra, ce que vous nous précisiez au début, quand vous nous dites : ça ne concernera que les voitures particulières, au fond. » Yves Carra : « Voilà. » Apolline de Malherbe : « Pour tout le reste, il n'y a pas de date de fin, il n'y a pas de date de fin pour le kérosène des avions, pour les camions, ça, non ? » Yves Carra : « A priori non. Puisqu'on parle de véhicules neufs légers pour 2035. » Apolline de Malherbe : « Donc on fait un peu porter le chapeau aux particuliers, quoi ? » Yves Carra : « Voilà, vous avez la réponse dans la question. » Apolline de Malherbe : « Non mais au fond, je vais même être tout à fait honnête avec vous, je ne me posais pas cette question-là avant de commencer l'interview avec vous. Mais c'est vrai que quand vous dites, on a quand même l'impression du coup que la proportion des émissions de gaz à effet de serre par les particuliers, par rapport à l'avion, par rapport à tout ça, évidemment, ce n'est pas la même chose. »

« La voiture propre électrique, c'est un mensonge, ça n'existe pas »

Apolline de Malherbe : « Mais cela dit, vous ne pouvez pas non plus nier le grand avantage écologique. C'est-à-dire que ça va quand même avoir un impact ?! » Yves Carra : « Alors l'objectif étant, avec la voiture électrique, de se dire on va gagner en émissions de CO2, en pollution, d'accord ? » Apolline de Malherbe : « Je vous sens très sceptique. » Yves Carra : « Non, c'est pas ça, personne n'est sceptique, on est d'accord. On va tous vers une décarbonation, les constructeurs l'ont compris, mais on leur impose la technologie ! Vous savez, c'est comme si on était dans une grande pièce noire, qu'on allume une petite torche électrique et que dans un coin, il y a un peu de poussière, et qu'on mette toute son énergie pour nettoyer cette poussière. Puis quand on allume toute la pièce, on s'aperçoit qu'il y a des toiles d'araignées partout. Bah on est un peu dans ce système-là. La voiture propre électrique, c'est un mensonge, ça n'existe pas. » Apolline de Malherbe : « Pourquoi c'est un mensonge ? » Yves Carra : « Mais il faut produire l'électricité, il faut produire les batteries, puis il faut construire la voiture, il faut la recycler. Donc aujourd'hui, ça génère beaucoup de pollution. Mais vous savez, toute activité humaine, l'émission qu'on fait actuellement, elle génère énormément de pollution. »

« Ce qu'on va gagner d'un côté, on va le perdre de l'autre »

Yves Carra : « Est-ce qu'on va arrêter l'émission pour autant ? Est-ce qu'on va modifier peut-être la façon de faire l'émission ? Peut-être. Mais toute action génère une pollution. La voiture, le déplacement, la mobilité ne sera jamais du 100 % décarboné. C'est pas vrai. » Apolline de Malherbe : « Si on passe au tout électrique, vraiment uniquement, là, je parle de la voiture des particuliers : aujourd'hui, la voiture des particuliers, c'est 16 % des émissions de gaz à effet de serre. Donc vous les enlevez, automatiquement, je dirais mécaniquement, vous avez 16 % de moins, en France. » Yves Carra : « Encore une fois, personne n'est contre l'électrique, personne n'est contre la décarbonation. J'insiste bien. Mais l'idée de l'électrique qui serait vertueux et parfait, il faut juste produire l'électricité. Donc ce qu'on va gagner aux pots d'échappement, on va le perdre, parce qu'aujourd'hui on ne sait pas faire autrement : soit on a des centrales atomiques, soit on a des centrales à charbon. L'Allemagne, malheureusement, et c'est malheureux, n'a pas réussi sa transition écologique et est en train d'ouvrir des... » Apolline de Malherbe : « En renonçant au nucléaire notamment. » Yves Carra : « Donc voilà, ce qu'on va gagner d'un côté, on va le perdre de l'autre. Donc on ne comprend pas. »



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