POLITIQUE

Publié le 18 décembre 2021

En plein direct, ce jeune enseignant met en grande difficulté la porte-parole LREM

L'enseignant Mathieu Slama était l'invité de l'émission «Le 20H de Darius Rochebin» diffusée sur LCI ce vendredi 17 décembre 2021.

«C'est une sorte de déchéance de citoyenneté»

Mathieu Slama: «Les libertés publiques aussi, c'est important dans notre pays. On a une Constitution, on a un Etat de droit et je trouve que depuis le début de cette crise, on fait comme si tout ça n'existait pas. En fait, on est dans une approche très utilitariste. Il faut faire ce qui fonctionne. Et puis, les libertés finalement, ça ne compte pas trop. Il faut quand même bien comprendre, le passe vaccinal dont on parle, pour moi, c'est quelque chose qui est anticonstitutionnel. En fait, c'est une sorte de déchéance de citoyenneté, si on peut dire, des non-vaccinés. C'est-à-dire que quand vous êtes non-vacciné aujourd'hui, vous ne pouvez plus prendre le train, vous ne pouvez plus accéder à la culture. Je rappelle quand même que l'accès à la culture est quelque chose qui est important quand on est citoyen. Vous ne pouvez plus aller dans les lieux de sociabilité, c'est-à-dire que vous êtes dans une situation de quasi mort sociale.» Darius Rochebin: «Pardon mais vous employez un mot très fort quand vous dites : déchéance de citoyenneté.» Mathieu Slama: «En gros, aujourd'hui, la citoyenneté, on la fait dépendre du vaccin, de la vaccination. Et je pense que dans cette crise, on a oublié qu'il y a aussi des principes, des principes qui sont importants.»

«On est en train de s'habituer à des mesures absolument aberrantes»

Mathieu Slama: «On ne peut pas faire n'importe quoi avec les libertés publiques et aujourd'hui, les non-vaccinés sont dans une situation de quasi mort sociale. L'affaire de tous aussi, c'est notre État de droit et vraiment notre démocratie. En fait, on est en train de s'habituer à ce que d'ailleurs Emmanuel Macron a appelé de manière très choquante : une société de vigilance. On est en train de s'habituer à des mesures absolument aberrantes, comme le passe sanitaire qui, au départ, devait être très provisoire. Maintenant, c'est en train de se généraliser, ça devient vaccinal. On est en train de trouver normal que, par-exemple, un gouvernement nous dise comment on doit faire nos fêtes, comment on doit passer la soirée du réveillon, ce sont des choses qui sont absolument inadmissibles.» Darius Rochebin: «On sauve des vies, pardon. S'il y a une mission d'un gouvernement, c'est quand même de sauver des vies, non ?»

«On banalise une méthode de gouvernement très autoritaire»

Mathieu Slama: «Je comprends, mais troisième chose, on banalise aussi une méthode de gouvernement très autoritaire. Encore une fois, là c'est un conseil de défense totalement opaque, c'est le chef de l'Etat qui décide seul de mesures très très graves. Alors évidemment, il va y avoir après le Parlement qui va se prononcer. J'ai assez peu de doute sur le fait que le Parlement va valider tout ça. Notre seul espoir c'est le Conseil constitutionnel. Mais bon, vu comment il a décidé jusqu'à présent, je suis malheureusement assez péssimiste.» Maud Bregeon: «Moi, je préférerais qu'on n'ait pas besoin de prendre le passe sanitaire ou le passe vaccinal. Ce n'est pas un plaisir. Je pense pas que le président de la République se réveille le matin en disant : " Super, je vais mettre en place le passe vaccinal. Je vais tous les emmerder. " Ce n'est pas l'objectif. Mais en fait, c'est quoi l'alternative ? Ma question juste, c'est ça. C'est quoi l'alternative quand on a des dizaines de milliers de morts, qu'on a une cinquième vague qui est fulgurante, qui gagne du terrain de jour en jour. Quand on a un nouveau variant. En face, on a le vaccin, donc oui, évidemment, qu'on s'en sert. Et non, Jean Castex n'a pas dit comment est-ce que vous deviez passer les fêtes de Noël. Il vous a conseillé de vous faire tester avant d'aller voir vos grands-parents.»

«Les citoyens ont des devoirs et des droits, les citoyens ont d'abord des droits»

Mathieu Slama: «Non, il va y avoir des interdictions, des Fêtes qui seront interdites. Rendez-vous compte, il y a des policiers qui vont vérifier que les gens ne font pas la fête.» Maud Bregeon: «Encore une fois, ce n'est pas décidé en autarcie, c'est décidé sur la base des préconisations des médecins, des préconisations scientifiques.» Mathieu Slama: «De manière très verticale, très autoritaire.» Maud Bregeon: «On a ouvert la vaccination en fonction des préconisations sanitaires. Moi aussi, je préférerais qu'on ait besoin de tout ça. Vous dites que notre seul espoir, c'est le Conseil constitutionnel ? Pour qu'il annule tout ça et que quoi ? Et que les hopitaux explosent et que l'on continue d'avoir des milliers de morts.» Mathieu Slama: «Mais combien de temps on va vivre comme ça ? Combien de temps on va vire sans liberté ? Vous savez qu'aujourd'hui on est dans un État d'exceptions, nous ne sommes plus dans un État de droit aujourd'hui. On peut accepter ça ? Ça fait deux ans ?» Maud Bregeon: «La vie pour vous est moins importante que les libertés ? C'est ce que vous êtes en train de nous dire ?» Mathieu Slama: «Non, mais il y a un arbitrage à faire et nos libertés sont importantes aussi. Et quand vous dites que les citoyens ont des devoirs et des droits, les citoyens ont d'abord des droits.»



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