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Publié le 27 avril 2021

Cet étudiant donne une leçon à la secrétaire d'État à la jeunesse

Louis Boyard, étudiant, était l'invité de Christophe Beaugrand lors de l'émission «Le Brunch de l'info» diffusée ce dimanche 25 avril 2021 sur LCI.

«Je suis étonné qu'en France, on ne soit pas capable de quantifier le nombre d'étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté»

Louis Boyard: «Combien d'étudiants vivent sous le seuil de pauvreté en France ?» Sarah El Haïry: «Aujourd'hui, c'est +20%. Et votre question, en réalité, elle pose un sujet dans notre pays : c'est la situation de la précarité des jeunesses de France. Et en regardant plus particulièrement les étudiants, la précarité, elle était là avant cette crise et elle s'est accentuée. À chaque fois qu'il y a une crise, les plus fragiles, que ce soit évidemment les étudiants ou les jeunes, et bien, on voit les inégalités s'accentuer.» Louis Boyard: «20% c'était le chiffre d'avant la crise sanitaire. Je vous ai posé cette question parce qu'aujourd'hui, on est incapable de quantifier combien d'étudiants vivent sous le seuil pauvreté.» Sarah El Haïry: «A minima !» Louis Boyard: «A minima ? Mais en fait le chiffre a explosé et je suis étonné qu'en France, on ne soit pas capable de quantifier le nombre d'étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté.»

«J'ai l'impression que vous applaudissez le fait que vous ayez mis ça en place»

Louis Boyard: «Je trouve ce discours insupportable, parce que moi, je vis avec 650 euros par mois. J'ai 500 euros de loyer à payer. Et du coup, avec ces "Repas CROUS" à 1 euro, je payais 60 euros de "Repas CROUS". Du coup c'est bien, je ne paye plus 100 euros de courses, mais 60 euros. Mais derrière, il fallait quand même que je paye mes frais d'inscription, mon loyer, mes transports en commun, les produits d'hygiène, les assurances, la mutuelle, les taxes, le matériel scolaire, la box Internet. Et ça, ce sont juste les charges minimums pour un étudiant. Et on nous dit : " Les repas CROUS à 1 euro, mais c'est minime par rapport à la charge que doivent assumer les étudiants ". Et le pire, c'est que l'on avait ces queues-là qui étaient énorme et j'ai l'impression que vous applaudissez le fait que vous ayez mis ça en place. Et le véritable fond du problème, on dit : " Oui, les étudiants, ils ont été fragiles ".

«Vous n'avez absolument rien annoncé, vous n'avez absolument rien concédé»

Louis Boyard: «Mais pourquoi est-ce que les étudiants sont fragiles ? Parce qu'ils ne peuvent pas avoir un emploi à plein temps qui leur permet de vivre correctement. Parce qu'avec un SMIC, on galère déjà. Ils ont à peine la moitié d'un SMIC. En plus de ça, ils doivent vivre tout seul. Et les aides, elles ne suivent pas. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas eu une augmentation des bourses ? On a eu les "Repas CROUS" à 1 euro qui, en vérité, représentent une réduction de 40 euros dans le budget d'un étudiant. Vous êtes censés être la porte-parole des jeunes auprès du gouvernement et on a le sentiment que vous êtes la porte-parole du gouvernement auprès des jeunes. C'est votre premier plateau important, on vous a parlé de mille et une problématiques. Vous n'avez absolument rien annoncé, vous n'avez absolument rien concédé. Et donc, vous parlez d'actes, comment est-ce qu'à la fin de ce plateau-là, les étudiants qui vous écoutent vont dire : " Après ce passage-là, ça a changé ".»

«C'est absolument vide comme discours politique»

Sarah El Haïry: «Vous savez, ce que vous venez de faire, c'est un exercice extrêmement caricatural et très politique.» Louis Boyard: «Madame, qu'avez-vous annoncé ?» Sarah El Haïry: «Moi je crois, que notre pays est une chance. Je crois que sa jeunesse est une chance. Et je crois que chacun a la capacité de construire, d'être un acteur.» Louis Boyard: «C'est absolument vide comme discours politique. Annoncez quelque chose !» Sarah El Haïry: «Et quand je dis que chacun a sa place dans notre pays, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand on a un tabou dans notre pays, que c'est la santé mentale, qu'il faut le casser et qu'il faut y répondre immédiatement avec des "Chèques Psy". Toutefois il ne faut pas s'arrêter là, il faut continuer parce qu'il faut recruter des psychologues, ça, c'est très concret !»

«C'est un beau discours, mais rien n'a changé Madame»

Sarah El Haïry: «Aujourd'hui dans notre pays, il y a deux manières de voir les choses. Il y a ceux qui font le constat, qui accompagnent avec des solutions très concrètes et qui avancent, parce que notre pays est une chance. Parce que quand on est unis, on y arrive. Parce que oui, c'est galère. Et oui, la ligne de départ n'est pas la même pour tout le monde. Mais dans notre pays, on peut étudier, on peut travailler et même si c'est dur, on peut s'en sortir. Ou alors on considère que voilà, on fait un constat de colère et on ne propose rien.» Louis Boyard: «C'est un beau discours, mais rien n'a changé Madame. La situation pour les jeunes est toujours la même.»



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