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Publié le 09 septembre 2023

Charité versus solidarité : l'analyse pertinente de Salomé Saqué sur les riches philanthropes

Charité versus solidarité

La journaliste Salomé Saqué était récemment l'invitée de l'émission "C ce soir" pour discuter du don généreux de 10 millions d'euros effectué par l'homme d'affaires Bernard Arnault à l'association "Les Restos du Cœur". Bien qu'elle reconnaisse l'impact positif direct de ce don, elle met en avant une question cruciale : la différence entre charité et solidarité.

La ministre des Solidarités n'a pas tardé à applaudir ce geste "exceptionnel" sur les réseaux sociaux, attirant ainsi l'attention sur une problématique persistante dans le pays. Pour Salomé Saqué, le cœur du problème ne réside pas dans le don lui-même, mais dans ce qu'il symbolise.

Un geste symbolique aux répercussions importantes

Selon elle, le don de Bernard Arnault est symptomatique d'un système où la charité prend le pas sur la solidarité nationale. La philanthropie privée supplante ainsi progressivement les mécanismes de solidarité organisés par l'État, une tendance préoccupante dans un contexte où l'optimisation fiscale permet à certains individus fortunés de réduire considérablement leur contribution au bien commun.

Salomé Saqué attire notamment l'attention sur les pratiques d'optimisation fiscale de Bernard Arnault, révélées notamment lors des scandales des "Paradise papers" en 2017. En effet, l'homme d'affaires a été pointé du doigt pour avoir évité des sommes conséquentes d'impôts, à travers divers mécanismes, y compris grâce à sa fondation Louis Vuitton, épinglée par la cour des comptes en 2018.

Les deux poids, deux mesures de la philanthropie

L'évasion fiscale à grande échelle contraste fortement avec les dons ponctuels destinés à améliorer l'image publique de l'individu. Bernard Arnault est ainsi accusé de jouer sur "deux poids, deux mesures" : d'une part, il se présente comme un philanthrope généreux et, d'autre part, il contribue à affaiblir le système de solidarité national en recourant à des pratiques d'optimisation fiscale.

Salomé Saqué souligne que ces 10 millions d'euros, bien que bienvenus, sont bien moindres comparés aux 518 millions d'euros que la fondation Louis Vuitton aurait pu contribuer au système de solidarité national sous forme d'impôts sur la société. Cette somme aurait pu financer un nombre bien plus important de projets sociaux, et soutenir les citoyens les plus vulnérables sur une échelle beaucoup plus large.

Vers une solidarité nationale renforcée

Au-delà du geste individuel de Bernard Arnault, c'est donc tout le système de solidarité nationale qui est remis en question. Les donations ponctuelles peuvent-elles vraiment remplacer un système structuré et continu de redistribution des richesses ? Pour Salomé Saqué, la réponse est claire : non.

La journaliste invite ainsi à repenser l'organisation de la solidarité en France, afin de ne pas dépendre des élans de générosité individuels, qui bien que louables, restent insuffisants pour résoudre les problèmes structurels du pays. Elle appelle à une réflexion profonde sur les moyens de financer durablement le système de solidarité national, sans quoi les actions ponctuelles resteront une goutte d'eau dans l'océan des besoins sociaux du pays.



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