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Publié le 22 février 2024

Des smartphones et pas de soutien aux agriculteurs ? Un dirigeant de la FNSEA pointe la responsabilité des consommateurs français

La Polémique du Prix du Lait

Ce jeudi 22 février, l'antenne de BFMTV est devenue l'arène mettant en lumière la responsabilité, supposée, attribuée aux Français dans les difficultés poussant les agriculteurs à manifester leur colère. Damien Greffin, Vice-président de la FNSEA, était l'invité du jour, venu exprimer la frustration croissante des producteurs laitiers. La mobilisation du 21 février, au cours duquel environ 200 agriculteurs ont envahi le siège de Lactalis, illustre parfaitement leur niveau de désespoir face au prix jugé dérisoire du litre de lait acheté aux producteurs.

Un Débat qui Omet les Interrogations Cruciales

Le débat sur BFMTV s'est axé sur une question qui, à première vue, pourrait sembler pertinente : quelle serait l'incidence sur le prix de vente au consommateur si le tarif d'achat du litre de lait aux agriculteurs augmentait de quelques centimes ? Cependant, cette interrogation en cache une autre, bien plus fondamentale. Entre l'agriculteur et le consommateur final, des géants de l'agroalimentaire comme Lactalis se taillent la part du lion. La véritable question est donc : pourquoi ces marges conséquentes ne pourraient-elles pas contribuer à une meilleure rémunération des producteurs ?

À la surprise générale, aucun des intervenants sur le plateau, y compris Damien Greffin, n'a abordé cet aspect. Damien Greffin a même déplacé la responsabilité sur les épaules des consommateurs, argumentant que sans une répercussion des coûts de production sur les prix, les agriculteurs ne peuvent prétendre à aucun revenu. Ces propos, bien que traduisant une réalité économique difficile pour les producteurs, semblent ignorer les difficultés économiques rencontrées par de nombreux Français, déjà éprouvés par l'inflation et la stagnation des salaires.

Une Rhétorique de Culpabilisation en Question

Le discours de Damien Greffin ne s'est pas arrêté là. En évoquant les ménages possédant plusieurs smartphones et en suggérant une sorte de légèreté dans leurs choix de consommation, il a embrasé le débat. Cette généralisation, non seulement inexacte mais aussi moralisatrice, occulte un soutien populaire largement répandu envers les agriculteurs. Le problème ne réside-t-il pas plutôt dans les pratiques de l'industrie agroalimentaire et les marges considérables réalisées par des groupes comme Lactalis, qui affichait un chiffre d'affaires de 28,3 milliards d'euros en 2022 ?

La conclusion de Laure Closier, présentatrice sur BFMTV, selon laquelle l'alimentation a perdu de son importance dans le budget des ménages français qui refuseraient de payer plus pour le lait, ajoute une couche supplémentaire à cette rhétorique de culpabilisation. Cette perspective simpliste et accusatrice néglige de prendre en compte la complexité des décisions de consommation face à des budgets de plus en plus serrés.

Vers une Réflexion Plus Nuancée sur la Consommation et la Production Alimentaire

L'argument selon lequel les malheurs des agriculteurs seraient directement imputables aux choix des consommateurs français mérite d'être reconsidéré. Il est impératif de reconnaître le rôle des intermédiaires et des géants de l'agroalimentaire dans la formation des prix, tout en tenant compte des réalités économiques des consommateurs. Plutôt que de pointer du doigt et de généraliser, une approche plus nuancée et solidaire pourrait favoriser une meilleure compréhension entre producteurs et consommateurs. Il s'agit de trouver un équilibre durable qui respecte à la fois le travail des agriculteurs et le pouvoir d'achat des citoyens, dans un contexte économique où chacun fait face à ses propres défis.



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