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Publié le 19 janvier 2023

Du mépris ? Depuis Barcelone, Emmanuel Macron répond aux manifestants sur la réforme des retraites

Emmanuel Macron intervenait lors de l'émission « Non-Stop BFM » diffusée sur BFM TV ce jeudi 19 janvier 2023.


“ Les choses ont été dites clairement. ”

Une journaliste : « Comme le disent certains de vos opposants " que vous n'avez pas su convaincre l'opinion " et par ailleurs, que dites-vous aux Français aujourd'hui qui sont dans la rue, qui manifestent, et à certains autres qui réclament désormais un référendum sur la réforme des retraites ? » Emmanuel Macron : « Écoutez, d'abord, je pense qu'il est bon et légitime que toutes les opinions puissent s'exprimer, c'est le principe même d'une démocratie. Et qu'en vertu de notre Constitution, le droit de manifester puisse s'exercer comme il s'exerce dans toutes les démocraties de notre continent et ailleurs. Et je fais confiance aux organisateurs de ces manifestations pour que cette expression légitime de désaccords puisse se faire sans créer trop de désagréments pour l'ensemble de nos compatriotes et évidemment sans débordements, ni violences, ni dégradations. Je pense qu'il y a, comme vous le dites, dans une démocratie des règles et un bon fonctionnement, il faut que les choses soient dites au moment où les choix démocratiques sont faits. Et à l'élection présidentielle qui s'est tenue somme toute il n'y a que quelques mois, et aux élections législatives qui ne se sont tenues, y compris, qu'il n'y a quelques mois, les choses ont été dites clairement. Elles ont ensuite été négociées dans un temps que nous avons laissé avec les forces syndicales et patronales. Nous rentrons maintenant dans le temps de la proposition du gouvernement. Elle va donner lieu à un travail démocratique parlementaire qui permettra à toutes les forces politiques à l'Assemblée et au Sénat, de s'exprimer, d'enrichir le projet et de pouvoir aller au terme d'une réforme qui est une réforme qui a donc été démocratiquement présentée, validée, qui est une réforme surtout juste et responsable. Et il suffit de regarder partout ailleurs en Europe et de voir que la France s'est un peu décalée et que si nous voulons être justes entre les générations et sauver notre système par répartition, nous devons faire cette réforme. »


“ En gros, c'est plié ? ”

Emmanuel Macron : « Dans des pays qui vivent de plus en plus longtemps, où nous avons créé des systèmes justes et forts qui reposent sur l'égalité entre les générations. Des moments où vous avez de moins en moins d'actifs et de plus en plus de retraités, si vous voulez que le pacte entre les générations soit juste, il faut procéder à cette réforme. Et donc nous le ferons avec respect, esprit de dialogue, mais détermination et esprit de responsabilité. » Karine de Ménonville : « On vient donc d'entendre, Philippe Corbé, la réponse d'Emmanuel Macron à la manifestation actuelle. En gros, c'est plié, c'est ce qu'il dit : " Manifestez mais nous ferons cette réforme. " » Philippe Corbé : « Oui, enfin, il ne dit pas ça exactement... Enfin, il commence par dire : " Il y a une expression légitime de désaccord. Il y a un droit à la démocratie. Il est normal que les opinions puissent s'exprimer. Il est légitime que les oppositions s'expriment. " Enfin, il le dit, c'est bien qu'il le dise mais c'est une évidence démocratique quand on accepte les règles de la démocratie libérale, le droit de grève et dans la Constitution et nul ne pouvait imaginer, et d'ailleurs le Président de la République n'imaginait pas qu'un passage de l'âge légal de 62 à 64 ans se ferait sans manifestation dans la rue. Au fond, il semble dire que ce qu'il se passe là n'a rien d'anormal. Il complète quand même en disant qu'il y a le temps des manifestants aujourd'hui. Mais au fond, il rappelle qu'il a présenté cette réforme dans l'élection présidentielle. Il l'avait dit dans la campagne présidentielle avant le premier tour, qu'il passerait l'âge légal à 65 ans. Il a laissé entrevoir dans l'entre-deux tours, sur BFMTV, qu'il était prêt à amender son projet pour aller à 64 ans. Mais le principe, il était clair et il le rappelle là, il voulait augmenter l'âge légal. C'était d'autant plus frappant et important que ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout son projet de 2017, puisqu'il voulait une réforme par points, qui est une réforme complètement différente. »


“ Une partie des Français semble dire : " Non, non, ce n'est pas que nous n'avons pas compris votre réforme, c'est que nous l'avons très bien compris, cette réforme, et nous n'en voulons pas. " ”

Philippe Corbé : « Et donc il semble souligner qu'il a, selon lui, la légitimité pour mener cette réforme en raison de l'élection présidentielle. Il ajoute d'ailleurs les élections législatives et il dit qu'il y a maintenant un temps démocratique, de travail parlementaire. Peut-être laisse-t-il entendre, puisqu'il utilise, je crois, le mot enrichir à un moment donné, il laisse entendre qu'il peut y avoir encore des aménagements à la marge dans le débat parlementaire ( je pense qu'il évoque peut-être la possibilité sur la pénibilité ou sur les carrières longues de compléter le projet pour compléter certains aspects ) mais on voit qu'il continue à utiliser les mots qu'il utilisait avant ces manifestations aujourd'hui. Selon lui, la réforme est juste, c'est le mot qu'il utilise. Et cette réforme est la plus responsable puisque, selon lui, compte tenu de notre démographie, il n'y a pas d'autre solution que de mener cette réforme Donc, voilà, les mots qu'il utilise, c'est respect, esprit de dialogue, mais détermination. Notons à ce stade qu'il n'infléchit pas du tout son discours, par rapport à ce qu'il disait ces derniers jours. Et rappelons notamment qu'il a dit à des journalistes il y a deux jours, qu'il avait reçus à l'Élysée pour essayer de faire passer des messages à l'opinion avant cette manifestation. Je cite : " Il ne croyait pas à une victoire de l'irresponsabilité. " Une expression qui a été jugée méprisante par Laurent Berger. C'est le mot qu'il a utilisé, le mot mépris. Il est arrivé tout à l'heure à la manifestation en soulignant le risque de mépris. Il avait dit ce matin sur BFMTV qu'il ne fallait pas répondre aux Français avec le mépris. Et peut-être, on verra ce soir, mais peut-être que la mobilisation syndicale réussie aujourd'hui, le nombre de gens en rue est aussi peut être une réponse aux arguments qui ont été avancés par Emmanuel Macron ces derniers jours et ces derniers mois pour justifier cette réforme. Visiblement, il y a une partie des Français qui semble dire : " Non, non, ce n'est pas que nous n'avons pas compris votre réforme, c'est que nous l'avons très bien compris, cette réforme, et nous n'en voulons pas. " »



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