Faire travailler des adolescents pour 20€ les 3h : l'idée de ce maire fait polémique

Le travail des jeunes pendant les vacances

Dans le charmant cadre de l'Ardèche, une initiative municipale attire l'attention : celle de proposer aux jeunes de 15 à 18 ans un travail rémunéré durant leurs vacances scolaires. À Chomérac, cette proposition n'est pas nouvelle. Depuis 2017, elle permet aux adolescents de contribuer aux tâches communales en échange d'une indemnité. Un programme intitulé "argent de poche" encourage ainsi les jeunes à s'engager dans des activités telles que le nettoyage et l'embellissement du cimetière de la commune, leur offrant une forme d'autonomie financière.

L'expérience ne s'arrête pas à la simple rémunération de 20 euros pour trois heures de travail. Le projet est encadré par un règlement rigoureux : ponctualité exemplaire et interdiction des téléphones portables pendant les heures de travail. Cela reflète une volonté éducative, visant à préparer les jeunes à la vie professionnelle. Chaque année, entre 20 et 25 jeunes s'inscrivent au programme, témoignant de son attrait. François Arsac, maire de la commune de 3 200 âmes, insiste sur le caractère éducatif plus que laborieux de cette démarche, qui inclut des travaux d'entretien et de peinture sur le mobilier urbain.

Une rémunération en question

Cependant, cette initiative ne fait pas l'unanimité, notamment sur les réseaux sociaux où la rémunération inférieure au SMIC horaire est critiquée. Depuis le 1er mai, le SMIC horaire net est de 9,11 euros, rendant les 20 euros pour 3 heures de travail en dessous de ce seuil. Le maire répond à ces critiques en soulignant la nature légère des travaux proposés, affirmant que le programme respecte la législation en vigueur. Les jeunes, dit-il, commencent leur journée à 9h30 et finissent à 11h30 avant de se rendre à la mairie pour percevoir leur dû.

En France, la législation concernant le travail des mineurs est précise. Un jeune de 14 ou 15 ans peut légalement travailler durant les vacances scolaires, avec des restrictions quant aux horaires et à la nature du travail. Leur rémunération doit être au moins égale à 80% du SMIC, soit 9,22 euros bruts. À partir de 16 ans, les possibilités de travail s'élargissent, à l'exception de certains travaux réglementés.

En #Ardèche, une commune propose aux 15-18 ans des petits jobs à 20 euros les 3 heures.

@mouradhfc : "Malgré tout, juridiquement parlant, ça pourrait s'apparenter à du travail dissimulé."#GGRMC pic.twitter.com/hgb6WqfkT8

— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) November 8, 2023

Une polémique qui interroge sur la valeur du travail

L'initiative de Chomérac soulève donc une question plus large : quelle est la valeur du travail des jeunes et comment celle-ci doit-elle être reconnue ? La municipalité met en avant l'aspect pédagogique et l'opportunité pour les jeunes de se familiariser avec l'environnement municipal et d'être accompagnés dans leur première expérience professionnelle.

Cette expérience ardéchoise pourrait-elle inspirer d'autres communes françaises ? C'est une possibilité, à condition de trouver le juste équilibre entre l'apprentissage de la valeur du travail, le respect des lois et la juste rémunération. Chomérac, avec son programme "argent de poche", propose un modèle qui, malgré les controverses, a le mérite de poser les bases d'une réflexion sur l'intégration des jeunes dans la société par le travail et la responsabilité citoyenne.