Inflation : ces étudiants qui sautent des repas pour survivre

La réalité financière des étudiants : entre survie et précarité

L'inflation devient un ennemi majeur pour les étudiants en France, avec des chiffres inquiétants montrant une augmentation des besoins en aide alimentaire. D'après une étude approfondie menée par l'association Linkee, avec l'expertise de sociologues provenant des universités Lyon II et Paris I Panthéon-Sorbonne, la situation des étudiants est alarmante.

D'après les données collectées auprès de 5115 étudiants, une grande majorité, soit 76% d'entre eux, finissent le mois avec un maigre "reste à vivre" de moins de 100 euros. Cela équivaut à une somme quotidienne de 3,33 euros après avoir réglé leurs factures. À titre de comparaison, le seuil de pauvreté, défini par l'Insee, se situe à 60 % du niveau de vie médian des Français. En 2019, cela correspondait à un revenu mensuel de 1102 euros pour un individu vivant seul.

Des chiffres qui reflètent une détérioration des conditions de vie

L'année 2023 marque une augmentation dramatique de la précarité par rapport aux années précédentes. En effet, l'étude révèle que 91,7% des étudiants interrogés subsistent avec moins de 1000 euros par mois. Plus inquiétant encore, près de la moitié (47%) de ces jeunes vivent avec moins de 400 euros mensuels.

L'inflation se fait sentir dans les assiettes

Cette précarité économique se traduit malheureusement par des conséquences tangibles sur la qualité de vie et l'alimentation des étudiants. Une hausse notable de la précarité alimentaire est mise en avant par Linkee. En effet, plus de la moitié (54%) des répondants ont admis sauter des repas à cause de contraintes financières, un chiffre en augmentation par rapport aux 43% de 2022.

Des choix alimentaires dictés par le manque de moyens

L'impact de cette situation précaire ne s'arrête pas là. Une grande partie des étudiants (73%) admet ne pas pouvoir se permettre l'achat de viande. De plus, 37% d'entre eux n'ont pas les moyens de s'offrir des fruits. La situation s'aggrave encore lorsque l'on considère les légumes : en 2022, 12% des étudiants déclaraient ne pas pouvoir en acheter, mais en 2023, ce chiffre a quasiment doublé pour atteindre 23%.

Linkee pointe du doigt l'inflation comme étant le principal facteur de cette détérioration des conditions de vie. Selon l'étude, "30% des étudiants déclarent avoir besoin de récupérer davantage de colis que l'année précédente à cause de l'inflation".

"On a un public de plus en plus différent", alerte le président de Cop1. “On a des étudiants qui nous disent ‘à partir du 10 du mois, je n’ai plus d’argent’. La moitié des étudiants, après avoir payé le loyer et les charges, se retrouve avec 100 euros de reste à vivre.” pic.twitter.com/MQ5PRqOA5b

— franceinfo (@franceinfo) September 12, 2023

Le coût de la vie étudiante en hausse : des chiffres qui parlent

L'Unef, un syndicat étudiant, corrobore cette analyse. Selon leurs données, le coût de la vie étudiante a connu une augmentation vertigineuse de 6,47% en 2023. Il s'agit là d'une progression sans précédent depuis 19 ans d'études sur le sujet. Cette inflation est largement influencée par l'augmentation des prix des produits alimentaires, qui ont vu une hausse de 14,3% en 2023 comparativement à 2022. De plus, les dépenses énergétiques n'ont pas été épargnées, avec une augmentation de 10,1% pour l'électricité, 20,7% pour le gaz et 22% pour le gaz naturel.