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Publié le 22 février 2024

Occupation du siège de Lactalis : quand nos agriculteurs se font déloger

Mobilisation des Agriculteurs chez Lactalis

Ce mercredi 21 février, une scène marquante s'est déroulée dans la ville de Laval, en Mayenne, où environ 200 agriculteurs ont fait irruption dans les locaux du siège du groupe Lactalis, le leader mondial de l'industrie laitière. Cette action d'envergure n'était pas un coup de tête mais une démarche mûrement réfléchie, visant à dénoncer des pratiques jugées préjudiciables par les producteurs de lait. Le cœur de leur revendication battait à l'unisson pour une cause commune : la quête d'une rémunération plus équitable. Selon Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, Lactalis incarne le symbole par excellence des entreprises qui exploitent le labeur des agriculteurs, en fixant des prix d'achat des produits laitiers insuffisamment rémunérateurs pour permettre aux producteurs de vivre dignement de leur travail.

Le Géant Lactalis Face aux Revendications Agricoles

Avec un chiffre d'affaires avoisinant les 28,3 milliards d'euros en 2022, et les produits laitiers représentant 60% de cette manne financière, Lactalis se positionne au sommet de la pyramide de l'industrie laitière. Cette situation privilégiée place l'entreprise au centre des critiques et des revendications des agriculteurs, qui estiment que le leader mondial se doit d'apporter une réponse constructive à la crise agricole actuelle. Ils appellent de leurs vœux une augmentation significative du prix du litre de lait, convaincus qu'une telle initiative de la part de Lactalis entraînerait un effet domino bénéfique sur l'ensemble du secteur.

Vincent Guillet, producteur de lait, exprime cette attente en ces termes : « Si le premier producteur mondial donne le là, derrière ça va suivre. » Cette déclaration traduit une conviction profonde parmi les producteurs : Lactalis a non seulement la capacité mais aussi la responsabilité d'agir pour améliorer la situation. « C'est vraiment à eux de comprendre nos difficultés et de faire un geste significatif », ajoute-t-il, soulignant l'urgence d'une prise de conscience et d'action de la part du géant laitier.

Une Rencontre Espérée, Une Réponse Attendue

L'après-midi de mobilisation au siège de Lactalis a été marquée par une demande persistante des agriculteurs de rencontrer Emmanuel Besnier, le PDG du groupe, une sollicitation qui s'est heurtée au refus de la direction. Les manifestants, déterminés à se faire entendre, ont opté pour une occupation nocturne des locaux, une veillée d'espoir qui s'est vue interrompue vers 21h30 par l'intervention de la préfecture.

Laurence Marandola résume l'état d'esprit des agriculteurs présents : venus dans une démarche pacifique, ils souhaitaient dialoguer pour obtenir des prix de vente du lait permettant une vie décente. Cependant, le sentiment qui prévaut au départ est amer : un sentiment de mépris et de tromperie, perçu non seulement comme un manque de reconnaissance de la part de Lactalis mais aussi comme un manque de respect envers ceux qui sont à l'origine des produits valorisés par l'entreprise.

Au-delà d'un Conflit, Un Appel au Changement

Cette mobilisation chez Lactalis n'est pas un cas isolé mais reflète une problématique plus vaste au sein du secteur agricole. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs, pris en étau entre des coûts de production en hausse et des prix de vente qui peinent à suivre cette inflation. Au-delà du cas spécifique de Lactalis, c'est toute l'industrie agroalimentaire et les politiques agricoles qui sont interpelées.

Cette journée du 21 février à Laval symbolise la lutte des petits contre les géants, des producteurs contre les distributeurs, dans une quête pour la reconnaissance du travail et pour une rémunération juste. Elle rappelle que derrière chaque produit laitier, il y a le travail acharné d'hommes et de femmes qui méritent non seulement d'être entendus mais surtout respectés et rémunérés équitablement. L'issue de cette confrontation chez Lactalis pourrait bien déterminer les prochains chapitres de l'agriculture française et européenne.



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