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Publié le 18 février 2021

Une étudiante l'avoue: «Je vole dans les magasins sinon je ne peux pas manger»

Le journaliste Paul Larrutourou est allé à la rencontre des étudiants en situation de pauvreté pour le magazine «Quotidien» diffusé ce mardi 16 février 2021.

«Un niveau de détresse qui est beaucoup plus élevé que ce que tout le monde avait pu imaginer»

Paul Larrouturou (Journaliste): «Tous les soirs, il y a des interminables files qui viennent chercher à manger ici. Ça dit quoi de nous? De la France aujourd'hui? Qu'est-ce que ça dit ces files?» Julien Meinmon (Président de l'association "Linkee"): «Ça dit une situation de précarité qui n'a pas été envisagée, qui est peut-être une première depuis la Seconde Guerre mondiale. Un niveau de détresse qui est beaucoup plus élevé que ce que tout le monde avait pu imaginer. Un niveau de crise économique sans précédent. "Il est 18h30, il y a 500 étudiants qui nous attendent, donc on ouvre les portes".» Paul Larrouturou: «Effectivement 500 personnes attendaient à nouveau hier soir dehors. A l'intérieur, distribution de colis avec la bénévole Claudine.»

«C'est la première fois que je viens»

Claudine (Bénévole): «Ça va, c'est pas trop dur ? La solitude, tout ça ?» Une étudiante: «C'est très très dur. Ça fait toujours du bien de parler à d'autres gens. De se dire: "Mais moi aussi, j'en peux plus, je suis fatiguée"» Claudine: «Et sur le plan économique ça va? C'est pas trop dur?» Une étudiante: «C'est très compliqué aussi!» Une autre étudiante: «Moi, c'est la première fois que je viens.» Claudine: «Et ça va ?» L'étudiante: «Ouais, ouais... Ça va... Ça va aller.» Claudine: «Ohh ben alors... ça n'a pas l'air d'aller très fort hein.» Un étudiant: «Pour moi, ma récompense c'est votre sourire !» Claudine: «Ohh vous être trop mignon, merci c'est gentil.»

«Je vole beaucoup dans les magasins, énormément»

Un étudiant: «J'avais un job étudiant le weekend que j'ai perdu récemment. Je ne peux pas me permettre d'acheter beaucoup de viande. Les fruits et légumes ça coûte super cher. Donc, grosso modo, je suis obligé d'acheter des œufs, des produits qui ne sont pas chers.» Paul Larrouturou: «Parmi ces étudiants, Lisa a 21 ans. Elle est étudiante en troisième année de médecine. Est-ce que vous sautez des repas? Est-ce que vous mangez à votre faim?» Lisa (Étudiante): «J'essaye, mais bon. Après, je vole beaucoup dans les magasins, énormément. Sinon je ne peux pas manger.» Une étudiante: «Vous volez quoi?» Lisa: «Des fruits, des légumes, des gâteaux, du thé... Des choses nécessaires. A Paris c'est très cher, donc, je ne peux pas me permettre de tout acheter.» Paul Larrouturou: «Quel est votre budget mensuel pour manger?» Lisa: «Je dirais entre 45 et 50 euros pour le mois.»

«350.000 repas depuis octobre»

Paul Larrouturou: «Semaine après semaine, toujours autant de monde malgré les annonces d'Emmanuel Macron.» Emmanuel Macron: «On va permettre, à tous les étudiants qui le demandent, d'avoir accès aux deux repas par jour à 1 euro.» Une étudiante: «Quand j'ai appris que c'était un euro, j'ai fait "Trop chouette". Ben non en fait, ça ne marche pas, ça ne marche pas du tout ! Je n'arrive pas à le débloquer et personne ne répond: ni au CROUS, ni quand j'y vais, ni quand j'appel, ni même quand j'envoie des mails.» Une autre étudiante: «Je n'y suis encore jamais allé au CROUS.» Paul Larrouturou: «Pourquoi vous n'y allez pas ? Normalement c'est fait pour ça ?» L'étudiante: «C'est assez loin, il n’y en a pas près de là où je suis. Donc vu que j'ai seulement 1h/1h30 pour manger, je n'ai pas le temps de faire le déplacement.» Paul Larrouturou: «Ils étaient 500 hier soir avec leur carte d'étudiant. Pas un seul a eu accès à ce repas à 1 euro. Dernière info: "Linkee" a distribué 350.000 repas depuis octobre, dont 2,5 tonnes rien qu'hier soir en trois heures.»



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