SOCIAL

Publié le 06 février 2021

Une lobbyiste demande que les Français travaillent plus pour rembourser la dette

Agnès Verdier-Molinié du think-tank libéral «iFRAP» était l'invitée de Patrick Simonin ce lundi 1er février 2021 sur TV5 Monde.

«Les réformes qu'il va falloir mener»

Agnès Verdier-Molinié: «Même Bruno Le Maire, dans l'interview dont vous parlez dans Le Figaro Magazine, il dit très bien : " Je me retrouve dans beaucoup de choses que dit Agnès Verdier-Molinié. " Il dit quoi ? Il dit sur la réforme des retraites, sur les réformes qu'il va falloir mener.» Patrick Simonin: «Il dit qu'il va faire des réformes structurelles sitôt la crise du Covid terminée, vous y croyez ? Vous croyez vraiment qu'on va pouvoir le faire ?» Agnès Verdier-Molinié: «Mais moi, je suis persuadée qu'à partir de 2023, et même dès maintenant, si on n'annonce...» Patrick Simonin: «Il y aura peut-être un nouveau président, il y a une élection présidentielle entre-temps.»

«C'est absolument incontournable d'expliquer qu'il va falloir travailler plus»

Agnès Verdier-Molinié: «Si on n'annonce pas déjà le calendrier du redressement des comptes publics, du désendettement et ne serait-ce que de la stabilisation de la dette publique, on a des heures extrêmement difficiles devant nous. Et je donne dans ce livre un plan de désendettement, une proposition que je fais et que je mets sur la table. Et d'ailleurs, Bruno Le Maire fait travailler en ce moment tout un groupe sous la férule de Jean Arthuis, l'ancien ministre, pour justement préparer un plan de désendettement du gouvernement. C'est absolument incontournable d'expliquer qu'il va falloir travailler plus, qu'il va falloir repousser l'âge de départ à la retraite, qu'il va falloir réduire les dépenses de production, les coûts d'administration de nos services publics. On a vu à quel point l'administration est lente dans notre pays. On l'a vu pendant la crise sanitaire à quel point, finalement, elle bloque, d'une certaine manière, par son organisation.»

«On a retroussé les manches et on s'est mis au boulot»

Patrick Simonin: «Ca va être des efforts demandés en pleine crise, après le Covid ou beaucoup vont se retrouver dans une situation économique rendue difficile par cette crise.» Agnès Verdier-Molinié: «Mais souvent, on fait le parallèle entre cette crise et une guerre. Le président de la République l'a fait. D'autres disent qu'on n'a pas eu de récession aussi majeure depuis 45, etc. etc. Peut-être qu'il faut se dire que quand on a reconstruit la France après une guerre, on a retroussé les manches et on s'est mis au boulot.» Patrick Simonin: «On compare cela à une guerre. Vous diriez que c'est comme une guerre ?» Agnès Verdier-Molinié: «Je ne le fais pas spécialement, mais on le fait tout le temps. Et alors on nous dirait que ce serait facile de s'en sortir derrière ? Mais absolument pas, ça va être très difficile.»

«Pour travailler plus, pour travailler plus longtemps»

Agnès Verdier-Molinié: «Quand on a une récession de plus de huit points de PIB en 2020, c'est gigantesque. Quand les Allemands vont être à 5 points de baisse en 2020, quand on fera vraiment les comptes. Quand, finalement, on voit que la croissance, le méga rebond dont on nous parlait ne sera pas au rendez-vous en 2021, on nous disait +8% et puis ensuite +6% et puis maintenant, on nous dit ce sera 5 et puis peut-être que ce sera 4. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si on ne met pas la surmultipliée derrière pour travailler plus, pour travailler plus longtemps, alors qu'on est le pays qui travaille le moins longtemps, qui part le plus tôt à la retraite par rapport aux pays comparables.»

«Si on fait payer les riches, ils vont tous partir»

Patrick Simonin: «Vous dites trois mille milliards de dettes en 2022 ? C'est ça le chiffre en France ?» Agnès Verdier-Molinié: «Oui. On est autour des 2700 et quelques milliards de dettes en ce moment. On va vers les 3000 milliards de dettes en 2022.» Patrick Simonin: «Ca ne peut pas se rembourser en créant de l'inflation ? Ça ne va pas se rembourser en faisant payer les riches ?» Agnès Verdier-Molinié: «Alors si on fait payer les riches, ils vont tous partir. Déjà le problème, c'est que l'on a un niveau de taxation des plus riches qui est parmi les plus élevés aussi au monde. Je vous rappelle que sur tous les impôts directs, les 10 % qui gagnent plus, ils payent plus de 50 de la note. Est-ce que c'est normal ? Non, ce n'est pas normal parce que cela désincite à l'investissement dans l'économie. On me l'a souvent dit, Agnès, on n'est pas encore assez mal pour faire les réformes que tu proposes. Et bien là, maintenant, maintenant, je pense que c'est le moment.»



À découvrir aussi...

Partager cette page