ENVIRONNEMENT

Publié le 29 juillet 2023

« Nos petits-enfants ne les verront plus du tout » Cette déclaration alarmante d'un glaciologue sur l'avenir des glaciers dans les Alpes

Le cri d'alarme d'un glaciologue : l'état des glaciers des Alpes est « grave »

Sylvain Coutterand, un glaciologue spécialisé en géomorphologie glaciaire, a passé des décennies à étudier les glaciers des Alpes françaises. Son verdict est sans appel : leur situation est préoccupante et atteint un « point de non-retour ». Cette annonce intervient moins de dix ans après les avertissements similaires concernant la fonte des glaciers de l'Antarctique. À présent, le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale indique que les glaciers européens sont également sur le point d'atteindre l'irréversibilité.

La pénurie de neige en hiver et des étés de plus en plus chauds et secs ont de graves conséquences sur les six glaciers du massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie. Formés il y a des milliers d'années, ces glaciers sont aujourd'hui directement affectés par le réchauffement climatique. « Les glaciers sont à la fois des témoins et des victimes directes du changement climatique », explique Coutterand, en ajoutant que leur état se détériore d'année en année.

La mutation rapide des glaciers des Alpes

Au cours des cinq dernières années, les glaciers des Alpes ont évolué de manière défavorable. Un exemple de cette évolution peut être vu dans le glacier du Bionnassay, où, selon Coutterand, « toutes les parties aval du glacier sont des glaces mortes ». Il explique que la partie inférieure des glaciers se réduit tandis que la glace s'amincit et se découpe dans les sections aval de toutes les langues glaciaires. Ces langues glaciaires, qui indiquent l'avancée d'un glacier dans une vallée, se détachent des sections amont en raison du manque de neige.

Coutterand fait remarquer que l'évolution rapide des glaciers peut être bien illustrée par la nécessité de mettre à jour son livre "Atlas des glaciers disparus", publié pour la première fois en 2018. « C'est impressionnant, car la plupart des glaciers dont j'ai parlé dans le premier livre ont changé, mais de manière défavorable », déclare-t-il. Cela met en évidence à quel point la situation s'est aggravée au cours des cinq dernières années.

Les conséquences de la fonte des glaciers sur la montagne

L'un des effets de la fonte des glaciers est l'augmentation des chutes de pierres pendant l'été, rendant la fréquentation de la haute montagne par les guides et leurs clients extrêmement dangereuse. En outre, l'ascension du Mont-Blanc est désormais beaucoup plus limitée en raison du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, certains sentiers étant même fermés chaque été. « Beaucoup de chemins passent au-dessus du glacier, donc si ce dernier perd de l'épaisseur, ces sentiers deviennent impraticables et peuvent s'effondrer », prévient l'alpiniste.

La situation ne montre aucun signe d'amélioration. Chaque année, la quantité de CO2 et de méthane continue d'augmenter, contribuant directement à l'augmentation des températures de la planète et donc à la fonte des glaciers. « Même si on arrêtait tout dès maintenant, il faudrait environ 1 500 ans pour retrouver une atmosphère en équilibre », explique Coutterand. Selon lui, il est probable que nos enfants et nos petits-enfants ne verront plus du tout de glaciers dans les Alpes.

L'émotion d'un glaciologue face à la disparition des glaciers

Coutterand, qui a toujours été passionné par les glaciers, exprime une grande tristesse face à leur disparition progressive. Il évoque avec nostalgie les souvenirs de son enfance, quand il visitait le glacier des Bossons lors de vacances chez ses grands-parents. Aujourd'hui, la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, est couverte de pierres, un spectacle qu'il trouve « désolant ». Il insiste sur la nécessité de préserver ce patrimoine, par exemple en créant des réserves naturelles, même si ces glaciers ne seront bientôt visibles que sur de vieilles photos.



À découvrir aussi...

Partager cette page