ENVIRONNEMENT

Publié le 09 août 2022

L'intervention édifiante d'un astrophysicien : « À 50 degrés, le corps humain ne fonctionne plus »

Aurélien Barrau était l'invité de l'émission « Clique » diffusée le dimanche 13 janvier 2019 sur Canal+.

« Ils ne sont pas sérieux, ce sont des guignols »

Aurélien Barrau : « S'il n'y a plus de vie, tout ça, c'est fini. Donc il faut quand même commencer par l'essentiel. Il faut être un peu sérieux. Les gens sérieux, ce ne sont pas les économistes adeptes d'une croissance débridée. Ces gens-là nous disent : " On est face au gouffre et donc on accélère. " Ils ne sont pas sérieux, ce sont des guignols. On voit bien qu'il faut aider, par exemple, l'agriculture bio. Il faut complètement changer notre modèle agricole. Il faut arrêter cette agriculture qui est dévastatrice pour les sols, qui détruit la planète. Et les agriculteurs ne sont pas en cause, hein. Ils vivent très mal, ils ont beaucoup de difficultés, ils font beaucoup d'efforts. Mais il faut qu'on les aide à changer de modèle, à vivre décemment. Et il faut évidemment que le bio ne soit pas simplement l'apanage de quelques bobos qui ont les moyens, comme c'est un peu le cas en ce moment. Comment on fait pour que ça change ? »

« Le gouvernement a toujours aidé l'agriculture industrielle en mettant un maximum de pesticides »

Aurélien Barrau : « Eh bien on le subventionne et on taxe, au contraire, maximalement les gros pollueurs. Je crois que ce qui est complètement étonnant, c'est qu'on pourrait gagner sur tous les tableaux en même temps. On pourrait gagner du point de vue écologique, du point de vue social et du point de vue éthique. Et pourtant, c'est très dur. » Mouloud Achour : « Alors pourquoi on ne l'entend pas ? » Juliette Binoche : « Parce que, d'abord le gouvernement a toujours aidé l'agriculture industrielle en mettant un maximum de pesticides, insecticides. Et maintenant, c'est 95 % des terres qui sont utilisées pour l'agriculture industrielle et 5 % en bio seulement. Donc pour changer ce système-là, il faut quitter l'ancien et aller vers de nouveaux systèmes. » Mouloud Achour : « Il y a toute une génération, quand on parle de pesticides, d'hommes, de femmes qui ont 50 ou 60 ans, qui meurent jeunes, qui ont des cancers. Et de plus en plus de cancérologues disent : " C'est des gens qui ne fumaient pas, c'est des gens qui avaient une alimentation normale. " Est-ce que les pesticides ont quelque chose à voir là-dedans ? C'est ce qu'ils sous-entendent. »

« À 50 degrés, le corps humain ne fonctionne plus »

Juliette Binoche : « Parce que l'air est pollué, l'eau est polluée, la terre est polluée. » Aurélien Barrau : « Mais vous avez raison de le rappeler parce qu'on se focalise en ce moment sur l'urgence climatique, et c'est bien de le faire. Parce que là, on n'est pas à plus 2 degrés, la pente actuelle, où les choses vont de pire en pire, c'est plus 6 degrés. » Mouloud Achour : « 2018, c'était l'année la plus chaude depuis que les prévisions météorologiques existent. » Aurélien Barrau : « Là, on est en ce moment sur une pente à plus 6 degrés dans un siècle. Donc on parle de plus 1,5 ou plus 2. Mais ça, c'est si on fait des efforts drastiques que nous n'avons pas commencé à faire. Cette année a été la pire de l'histoire. » Mouloud Achour : « Il y a eu des pointes à 50 degrés en Algérie cet été. » Aurélien Barrau : « Absolument. Et à 50 degrés, le corps humain ne fonctionne plus. C'est-à-dire que ça, ce serait une privation de liberté radicale. On ne pourra plus sortir de chez soi. Et comme toujours, ce sont les plus pauvres qui vont mourir en premier. Donc c'est catastrophique à tout niveau. »



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