Nos agriculteurs subissent les restrictions d'eau pendant que les golfeurs ont le droit à une dérogation

Élise Michallet, secrétaire générale FDSEA du Rhône, intervenait lors de l'émission « Non-Stop BFM » diffusée ce samedi 6 août 2022 sur BFM TV.

« Une dérogation autorise ce golf à arroser le parcours où se trouve le trou »

Le contraste entre ces étendues d'herbe entièrement sèche et le green est saisissant. Une dérogation autorise ce golf à arroser le parcours où se trouve le trou, ce qui représente moins de 2 % de sa superficie. Une décision nécessaire pour le directeur. Éric Lacoux (directeur d'un golf) : « On arrose uniquement les greens, les parties sensibles que vous avez vues. Les fairways, c'est un spectacle de désolation, on les a laissés cramer. Et on arrive à amoindrir notre consommation d'eau. Avec le golf plus le restaurant, on est à 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. On va être 40 salariés sur la structure. Donc ce sont des enjeux économiques. »

« Il faudrait surtout choisir entre le loisir et l'alimentation humaine »

Car en effet, le marché français du golf représente près de 1,5 milliard d'euros et 15 000 emplois, dont 85 % d'entre eux sont en CDI. À plusieurs dizaines de kilomètres de là, cette agricultrice du département voisin est contrainte de rentrer ses bêtes dans l'étable. Car avec les champs jaunis par la sécheresse, ses vaches n'ont plus rien à manger. Elle puise donc dans des stocks de foin réservés habituellement pour l'hiver et dénonce un « deux poids, deux mesures » dans les restrictions d'eau. Élise Michallet (secrétaire générale FDSEA du Rhône) : « Aujourd'hui, nous, agriculteurs, on ne peut pas comprendre l'arrosage de tout ce qui est sportif en général, puisque nous, on nous interdit beaucoup de choses, on n'arrose plus que la nuit. Et puis, aujourd'hui, il faudrait surtout choisir entre le loisir et l'alimentation humaine. » En France, 58 départements sont concernés par des interdictions de prélèvement d'eau à des fins agricoles.