SANTÉ

Publié le 07 août 2022

« Le ministre, ce matin, a menti dans sa déclaration » cet urgentiste épingle le ministre de la Santé

Christophe Prudhomme, urgentiste, était l'invité de l'émission « BFM Soir » diffusée ce mercredi 3 août 2022 sur BFM TV.

« Le ministre, ce matin, a menti dans sa déclaration »

Christophe Prudhomme : « Vous savez, j'étais de garde la nuit dernière. On est dans une situation catastrophique. Alors, ce qui nous irrite, alors je connais bien François Braun, on est urgentistes tous les deux. Je l'apprécie humainement, mais là, en tant que ministre, ce n'est pas possible. Ce matin, il a menti dans sa déclaration. Il dit : " Il n'y a pas de services d'urgences fermés la nuit. " Si, il y a des services d'urgence fermés la nuit. Et ils ferment de manière impromptue, parce qu'au dernier moment il manque un médecin. Et pas dans des petites villes : Valence, Draguignan est fermé depuis six mois la nuit. Fermé ! Ce n'est pas une restriction, vous voyez, il ne faut pas appeler le 15 pour le sauf-conduit. Et moi cette nuit, j'étais au Samu. »

« Vous pouvez embaucher n'importe qui ! »

Christophe Prudhomme : « Le problème, au Samu, c'est que nous n'avons pas les moyens, aujourd'hui, de pouvoir gérer ce flux d'appels supplémentaires. Donc que se passe-t-il ? C'est que quand vous appelez en situation de détresse et que le délai de décroché, qui normalement devrait être de 90 % dans la minute, tombe, comme ça a été le cas dans mon Samu, mais j'ai eu des collègues, à 8 %, comme c'était le cas le week-end dernier. Mais vous imaginez la personne qui appelle pour un malaise, qui a un arrêt cardiaque, et on met 6-7 minutes à décrocher avec une bande ! Vous voyez, encore, on n'a pas " tapez 1 ", " tapez 2 " si c'est grave ou pas. Mais c'est catastrophique ! Et qu'est-ce qu'on nous propose ? Alors qu'à la suite de l'affaire de Strasbourg, Naomi Musenga, on s'est rendu compte que les assistants de régulation médicale, c'est-à-dire les téléphonistes du Samu, n'étaient pas formés, on a mis en place une formation. Et là, qu'est-ce que nous propose Monsieur Braun dans une de ses mesures ? Vous pouvez embaucher n'importe qui ! Ce n'est pas sérieux ! Et puis, qu'est-ce qui se passe, y compris chez ces personnels ? »

« Aujourd'hui, on est dans une situation qui met la population en danger »

Christophe Prudhomme : « Vous savez, le problème de l'hôpital aujourd'hui, ce n'est pas de culpabiliser les patients qui viendraient pour de la bobologie. D'abord, la bobologie, ça n'existe pas. C'est ce qu'a dit mon collègue, c'est le manque de lits. Le problème, aujourd'hui, c'est les 20 % de patients qu'on doit hospitaliser pour lesquels il n'y a pas de place. Et alors, sur la communication, je voudrais insister là-dessus parce que c'est important pour la population : que les Agences régionales de santé affichent des messages qui sont dangereux. C'est-à-dire que j'ai vu des affiches où on montre une personne avec des cheveux blancs, donc d'un certain âge, qui a mal au ventre, qui se tord de douleur, et on lui dit : " Appelez le 15, ne venez pas aux urgences. " Une douleur abdominale, ça ne se traite pas par téléphone, ça s'examine, il faut mettre la main sur le ventre. Et retarder la prise en charge de ces patients, c'est dangereux. J'insiste, j'insiste. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est dans une situation qui met la population en danger. »



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