SANTÉ

Publié le 08 février 2021

L'application «CoronaPasseport»: Ce médecin tire la sonnette d'alarme

Le Dr Gérald Kierzek était l'invité d'Adrien Borne sur le plateau de LCI ce lundi 8 février pour parler de l'application créée au Danemark. Application que l'on nomme le CoronaPasseport.

«C'est une atteinte aux libertés fondamentales»

Adrien Borne: «Faudra-t-il un jour montrer patte blanche pour pouvoir voyager, pour pouvoir même aller au cinéma ou au restaurant quand ils rouvriront ? Certains de nos voisins vont très vite sur le sujet, c'est le cas du Danemark. Le CoronaPasseport, pas simplement le vaccin, mais aussi pour les tests PCR récents. Je vous sens sceptique ?» Dr Gérald Kierzek: «VIH, hépatite B, hépatite C: Qu'est-ce que vous voulez dans ce passeport? Ce n'est pas un passeport, c'est un laissez-passer. C'est un laissez-passer avec vos données médicales. Alors je comprends les hôteliers, les salles de spectacle, etc, ils ont le couteau sous la gorge, alors vous leur proposez n'importe quoi, ils vont accepter. Mais là, c'est du n'importe quoi. Ce laissez-passer, c'est une atteinte aux libertés fondamentales, il s'agit de données médicales. Nous, on essaie de ne pas discriminer les gens depuis le VIH.»

«Aujourd'hui c'est le coronavirus et demain, qu'est-ce que ce sera?»

Dr Gérald Kierzek: «Rappelez-vous, au départ, les gens étaient séropositifs, extrêmement discriminés, ça fait 20 ans qu'on essaye de lever cette discrimination, et là, qu'est-ce qu'on fait pour une maladie qui a un taux de mortalité de 0,1% ? Je le rappelle à chaque fois parce que ce n'est ni la peste ni Ebola, il faut le rappeler ! C'est un laissez-passer sanitaire où il y a le test, il y a le vaccin. Vaccin qui, au demeurant, n'a jamais montré s'il empêchait la transmission. Donc ça veut dire que la logique même médicale ou scientifique, elle n'y est pas. Et puis surtout, éthiquement, ça me semble extrêmement discutable, c'est une boîte de Pandore qu'on ouvrirait. Passeport. Ça fait exotique, mais ce n'est pas un passeport, ce n’est pas pour voyager, c'est un laissez-passer ! Si vous n'êtes pas nickel sur le plan de vos données de santé? Aujourd'hui c'est le coronavirus et demain, qu'est-ce que ce sera? Ça peut être n'importe quelle autre maladie. Ça s'appelle un laissez-passer. Je ne veux pas rentrer là-dedans.» Adrien Borne: «Ça crée un précédent selon vous ? Même si on le voit qu'Israël a été le premier pays à le mettre en place, maintenant c'est le Danemark.»

«Un justificatif qui lui permettra par exemple d'aller au restaurant»

Sophie Chevallereau: «Associée à des coordonnées personnelles, comme pour un passeport classique, l'application indiquera si une personne est vaccinée contre le coronavirus ou si elle a été testée négative récemment. Un justificatif qui lui permettra par exemple d'aller au restaurant, d'assister à un évènement sportif ou de se rendre à un concert.» L'annonce n'a pas échappé aux professionnels les plus touchés par la pandémie. DitteSig Kramer (Chargée de communication au Danemark): «Actuellement, nous dépendons entièrement des aides de l'Etat et cela ne peut pas durer éternellement. Donc on espère vraiment que ce CoronaPasseport sera une nouvelle façon de ramener les gens dans les lieux culturels.»

«Dans ce pays, partager ses données personnelles avec le gouvernement est tout à fait habituel»

Dans ce pays d'à peine 6 millions d'habitants. Partager ses données personnelles avec le gouvernement est tout à fait habituel. Un habitant Danois: «Le gouvernement a déjà accès à nos dossiers médicaux. Tout est regroupé dans une application sur notre téléphone. Ça fonctionne bien parce qu'on fait confiance à ce système-là.» Une confiance sur laquelle l'Etat compte bien s'appuyer pour lancer son CoronaPasseport au plus vite. JeppeKofod (Ministre Danois des Affaires étrangères): «Nous avons des années d'expérience dans le stockage des données de santé, dans le respect le plus total de l'intimité de chacun, les gens savent que leurs données ne seront pas détournées. C'est quelque chose qui nous aide dans le développement du CoronaPasseport.» Le lancement de l'application est prévu dans trois ou quatre mois. Aujourd'hui, seuls 1,6% des Danois ont reçu les deux doses du vaccin.



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