SANTÉ

Publié le 02 novembre 2021

L'effroyable constat d'un professeur sur l'état de son hôpital !

Le Professeur Pierre Amarenco, de l'hôpital Bichat, intervenait lors de l'émission «22h Max» diffusée ce jeudi 28 octobre 2021 sur BFMTV.

«Dans son service, il y avait encore 24 infirmières il y a quelques mois. Il n'y en a plus que 6.»

Maxime Switek: «Des lits fermés dans les grands hôpitaux français, faute de personnel suffisant. Pour en avoir le cœur net, vous vous êtes rendu à l'hôpital Bichat à Paris, cet après-midi. Est-ce que ce que vous y avez vu, d'une certaine manière, dépasse l'entendement ?» Nelson Getten: «Jean-François Delfraissy a mené son enquête. Olivier Véran va le faire aussi. On s'est dit : pourquoi pas nous ? Donc on est allés à l'hôpital Bichat, où un professeur a bien voulu nous ouvrir les portes de son service de neurologie. Depuis 20 ans, il soigne des infarctus ou des AVC. Dans son service, il y avait encore 24 infirmières il y a quelques mois. Il n'y en a plus que 6. Il y avait 28 lits de soins intensifs. Il n'y en a plus que 4.» Pr Pierre Amarenco: «Voilà, c'est fermé quoi. Tout est prêt pour faire fonctionner, tout est prêt, mais on n'a pas les infirmières.» Nelson Getten: «Et dans cette chambre là, il y avait des patients, jusqu'à quand ?» Pr Pierre Amarenco: «Jusqu'à lundi dernier. Ça résonne parce qu'il n'y a plus de lit. Quand on enlève les lits, ça permet de montrer l'état dégueulasse dans lequel sont les murs. Et bah là, ils ont entassé des lits, donc...»

«Les SAMU et les pompiers sont obligés d'essayer de les envoyer ailleurs mais comme ailleurs il y a les mêmes problèmes»

Nelson Getten: «Là, c'était censé être une chambre de malade, mais c'est un débarras. Qu'est ce que ça vous fait, vous, de voir ça ?» Pr Pierre Amarenco: «Et bien, une tristesse énorme. On a construit ce service depuis 20 ans et c'est 20 ans de travail. Tout le monde a contribué à cet outil de soins qui était remarquable. Combien de patients ont pu être guéris de leur infarctus cérébral grâce au traitement qu'on leur a appliqué ? Et combien de patients ne peuvent plus venir désormais à l'hôpital pour se faire soigner ?» Nelson Getten: «Aujourd'hui, si on a un AVC à Paris, on est moins bien traités aujourd'hui qu'il y a vingt ans ?» Pr Pierre Amarenco: «Évidemment. Sur le nord de Paris, je vous dis, les deux grands services neurovasculaires qui reçoivent des AVC sont dans une difficulté majeure, comme vous pouvez le voir. Et donc pour adresser les patients qui ont eu un AVC, les SAMU et les pompiers sont obligés d'essayer de les envoyer ailleurs mais comme ailleurs il y a les mêmes problèmes...»

«Il y avait 28 lits, il n'en reste plus que 4»

Nelson Getten: «Donc quand le SAMU vous appelle, vous le dites non ?» Pr Pierre Amarenco: «Quand le SAMU nous appelle, la plupart du temps, on est obligé de leur dire non.» Nelson Getten: «24 lits en moins. Il y en avait 28, il y en a plus que 4. Globalement, au niveau de l'APHP, 3500 lits sont aujourd'hui fermés sur 20.000. Alors, le manque d'effectifs ne date pas ni du Covid, ni du gouvernement actuel. C'est un problème de beaucoup plus long terme.» Maxime Switek: «Et tout ça malgré le " Ségur de la santé " qui a été mise en place par Olivier Véran.» Nelson Getten: «Oui. Le gouvernement a quand même investi 10 milliards mais pour le moment ça ne change pas grand chose. Même si les infirmières ont été augmentées de 183 euros nets. L'Hôpital ne parvient pas ni à les retenir, ni à recruter. Les infirmiers et les infirmières préfèrent soit faire de l'intérim qui est beaucoup mieux payé, soit être en libéral qui est beaucoup moins contraignant. Un chiffre là-dessus : sur 1000 infirmières qui sont sorties de l'école, donc de la formation en Ile-de-France en juillet 2021, seule une moitié, 50% s'est orientée vers l'hôpital public. Dans le service dans lequel on a tourné tout à l'heure, elles sont encore 6 et elles se serrent les coudes.»



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