SANTÉ

Publié le 11 février 2021

«L'Union Européenne s'est couchée devant les labos» Une députée européenne dénonce

La députée européenne Manon Aubry devant l'Assemblée européenne pour dire ses 4 vérités à Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, ce mercredi 10 février 2021.

«Comment la Commission européenne a-t-elle pu accepter de se coucher ainsi face aux laboratoires pharmaceutiques ?»

Manon Aubry (Députée européenne): «Je ne vais pas y aller par quatre chemins Madame Von Der Leyen. J'ai une question essentielle pour vous aujourd'hui: Comment la Commission européenne a-t-elle pu accepter de se coucher ainsi face aux laboratoires pharmaceutiques ? Dans la gestion de la stratégie vaccinale, j'ai le sentiment Madame Von Der Leyen, que les dirigeants des Big Pharma ont fait la loi à votre place. Sur les négociations et les contrats tout d'abord: c'est l'opacité à tous les étages. Aucune information sur les négociations malgré les demandes de notre Parlement. Seulement trois contrats rendus publics, grâce à notre pression citoyenne. Et voilà à quoi ils ressemblent, pour ceux qui ne l'ont pas vu. Toutes les informations les plus importantes comme le prix, le calendrier de livraison ou même le détail des clauses de responsabilités sont masqués.»

«Ces vaccins ont pu être développés grâce à des milliards d'euros d'argent public.»

Manon Aubry: «Pour les autres contrats, il faudra attendre que les labos daignent les publier. Parce que oui, ce sont eux qui décident. Sur les livraisons ensuite. Des retards en pagaille et aucun calendrier respecté. Sans aucune sanction bien sûr. Parce que oui, ce sont les labos qui décident. Sur les brevets, même scandale. Ces vaccins ont pu être développés grâce à des milliards d'euros d'argent public. Mais les brevets, eux, restent la propriété exclusive des big pharma. Résultat, les Etats ne peuvent produire à très grande échelle les doses dont le monde a tant besoin. Parce que oui, ce sont les labos qui décident. Et enfin, cerise sur le gâteau: Les profits, 15 milliards de chiffre d'affaires et 20 à 25% de marge pour Pfizer qui se réjouit d'ailleurs du succès de son "Blockbuster".»

«4 milliards d'euros de dividendes à distribuer.»

Manon Aubry: «Sanofi n'a pas trouvé de vaccins, mais par contre, ils ont trouvé 400 postes de recherche à supprimer et 4 milliards d'euros de dividendes à distribuer. Les labos sortent le champagne. Parce que oui, ce sont eux qui décident. Quel aveu d'impuissance Madame Von Der Leyen ! N'est-ce pas à nous, ici, dans cette enceinte, de faire la loi? On est capable d'imposer à nos concitoyens une restriction inédite de nos libertés, mais on serait incapables de fixer des règles aux big pharma? La commission doit rendre des comptes: C'est pourquoi au nom de notre groupe de la gauche au Parlement européen, je demande la création immédiate d'une Commission d'enquête sur la responsabilité de la Commission dans ce désastre. Nous sommes en droit de savoir. Car après tout, ces vaccins ont été payés avec notre argent. Et l'équation doit être simple: Argent public, contrats publics, brevets dans le domaine public.»

«Mettre un terme à la toute-puissance des laboratoires»

Manon Aubry: «C'est aussi simple que cela. Depuis des décennies, nous abandonnons tout jusqu'à notre santé aux mains du privé. Et nous voilà aujourd'hui dans l'impasse. Nous proposons ici un chemin inverse: Mettre un terme à la toute-puissance des laboratoires. Il est temps de faire tomber les brevets et s'assurer qu'aucun profit ne soit réalisé sur la pandémie. C'est la seule manière de pouvoir vacciner rapidement l'ensemble de la planète, pays riches comme pays pauvres. De rassurer les citoyens qui doutent, en sortant les vaccins des griffes des multinationales. D'espérer revivre après un an de deuil, d'inquiétude, d'isolement, de précarité. Voilà ce qui devrait être votre rôle madame Von Der Leyen, si vous n'aviez pas abdiqué face aux labos. Alors que la population n'en peut plus, que les précaires ont faim, que les jeunes désespèrent, reprenons le contrôle face aux labos ! Sortons la santé du marché et considérons enfin les vaccins comme des biens communs de l'humanité, pas la machine à cash des actionnaires.»



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