SANTÉ

Publié le 07 mars 2021

LCI l'affirme: Le nombre de contaminations à l'extérieur est faible

Ce mercredi 3 mars 2021 durant l'émission «24h Pujadas», Baptiste Morin a exposé les différentes études au sujet des contaminations Covid-19 à l'extérieur.

«Pas de rebond de l'épidémie, pas de regain, pas de cluster»

David Pujadas: «Est-ce que l'on se contamine beaucoup plus sur les lieux de promenade ou les jardins publics ? Est-ce que l'on se contamine beaucoup, tout simplement ?» Baptiste Morin: «Et bien avec le recul du temps, un an d'épidémie, on a des exemples concrets qui nous permettent de nous faire une idée. Le premier exemple, rappelez vous le 11 mai 2020, premier jour de déconfinement, réflexe des Parisiens, tout de suite d'aller sur les quais du canal et sur les bords du canal Saint-Martin. Après deux mois de confinement à l'époque, le masque n'était pas obligatoire et donc il n'y a pas de port du masque.» David Pujadas: «C'est un autre siècle, les images que l'on voit.» Baptiste Morin: «Exactement, cela nous paraît presque bizarre maintenant que l'on est habitué à porter ce masque en permanence, et notamment à l'extérieur. Et bien les épidémiologistes ont scruté derrière les indicateurs pour savoir si, oui ou non, il y avait eu un rebond de l'épidémie, un regain, quelques cas, en tout cas, sur ces arrondissements bien particulier de la capitale, la réponse est non, pas de rebond de l'épidémie, pas de regain, pas de cluster. Ce que l'on aurait pu redouter après avoir vu ces images. Deuxième exemple, encore plus documenté, la Fête de la musique.

«Et bien pourtant, là aussi, pas de répercussions sur les indicateurs»

Baptiste Morin: «Beaucoup de rassemblements dans toute la France. Toujours pas de masque parce que toujours pas de masque obligatoire à l'extérieur. Sauf que là, la situation est presque encore plus dérangeante dans le sens où les gens sont très proches les uns des autres. On danse, activité physique. Et bien pourtant, là aussi, pas de répercussions sur les indicateurs. Si on regarde la courbe des jours qui ont suivi et des semaines, elle est encore très plate. C'est ensuite qu'elle va s'emballer à la fin de l'été. C'est le même verdict, pas de cas, pas de regain de l'épidémie, pas de cluster malgré ces rassemblements dans toute la France. Troisième exemple, les manifestations, le mouvement Black Lives Matter en France, qui ont fait suite à la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis, des dizaines de milliers de personnes réunies là non plus toujours pas de masque obligatoire. Des cortèges assez denses de manifestants et bien le même verdict pas de cluster.» David Pujadas: «Est-ce que l'on a des exemples plus récents ?» Baptiste Morin: «Oui, il y en a un qui est très intéressant, c'est celui d'une rave party près de Rennes, en Bretagne à Lieuron. On est donc en Ille-et-Vilaine. C'est pour le Nouvel An et c'est un cas d'école parce que vous voyez 2500 personnes qui ont été réunies autant à l'extérieur que dans un entrepôt, avec une hauteur sous plafond assez importante.»

«En Martinique, c'est l'un des taux d'incidence les plus bas de France»

Baptiste Morin: «Pas de masque, alors que là, c'était devenu la règle mais le masque n'est pas porté. On danse proche des uns des autres, consommation d'alcool, voire même de stupéfiants, ce qui peut aider aussi à faire tomber les barrières sur le coup, indignation générale et puis, les médias ont commencé à se désintéresser de cette histoire. Sauf que c'est très intéressant de faire la vérification. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose et notamment dans les contaminations suite à ces 2500 personnes réunies pour une rave party ? Et bien là non plus, non, ce n'est pas forcément les indicateurs qui le montren, c'est aussi l'ARS Bretagne qui l'a dit trois semaines après, pas de cas détecté parmi les 2500 personnes qui avaient participé à ce rassemblement interdit. Et puis, le dernier exemple, il est plus récent. C'était il y a deux semaines, en Martinique, à Fort-de-France. Plus de 1000 personnes réunies pour le Carnaval alors là, la distanciation sociale n'est pas respectée. Le port du masque, il est assez aléatoire, alors qu'évidemment, il est toujours de rigueur, il est toujours obligatoire et bien pour l'heure, pas de rebond de l'épidémie en Martinique ni à Fort-de-France, alors que la Guadeloupe, qui est juste à côté, connaît une situation beaucoup plus compliquée. En Martinique, c'est l'un des taux d'incidence les plus bas de France, 34 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Il est autour de 100 en Guadeloupe.»

«C'est un constat clair et carré»

David Pujadas: «C'est saisissant. C'est saisissant parce que là, c'est un constat clair et carré. On va vous entendre là-dessus, professeur Deray, dans un instant, juste avant Baptiste, c'est un constat empirique. C'est une démonstration empirique, est-ce que c'est confirmé par des études scientifiques ?» Baptiste Morin: «Oui, on commence à avoir beaucoup d'études sur le sujet, alors toutes montrent que les contaminations extérieures sont possibles. Elles existent, elles arrivent, mais elles sont bien mineures par rapport à ce qu'il peut se passer dans des environnements clos. Il y a une étude chinoise, c'était la première, elle date d'avril 2020 et qui avait passé en revue 7324 cas de contamination entre le 4 janvier et le 11 février 2020 et parmi ces 7324 cas, il y avait un seul, un seul cas de contamination en extérieur. C'était une discussion qui était survenue le 25 janvier entre un jeune homme de 27 ans et une personne qui revenait de Wuhan, vous savez, origine, ville berceau de l'épidémie voilà comment s'était fait la contamination. La discussion à l'extérieur peut mener aussi à une contamination, comme en intérieur, s'il n'y a pas de respect des gestes barrières. Une étude japonaise a, elle, analysé les données relatives à 110 cas, notamment des cas autour de la capitale Tokyo.»

«Ces contaminations à l'extérieur, elles représentent moins de 10 % des cas de contamination au coronavirus»

Baptiste Morin: «Et elle a conclu que les risques de transmission sont 18,7 fois moins importants à l'extérieur qu'à l'intérieur, près de 19 fois moins de risque si vous êtes à l'extérieur. Il y a une étude plus récente, les chercheurs de l'université britannique de Canterbury Christ Church, qui a passé en revue, elle, quelque 25 000 cas, on est sur un autre ordre de grandeur et bien, sur ces 25.000 cas, il y avait 1500 cas de contamination à l'extérieur, 6 % donc des cas analysés. Et puis la dernière étude en date est celle de l'Université de Californie, qui est parue il y a deux semaines, le 15 février, qui s'appuie sur tous les travaux réalisés depuis un an sur ce sujet là et sur cette question là et bien la conclusion, c'est que ces contaminations à l'extérieur, elles représentent moins de 10 % des cas de contamination au coronavirus. Alors oui, la contamination, elle peut se produire évidemment à l'extérieur. Le risque de former un cluster en extérieur, lui, il est quasi nul. Et c'est une idée qui fait consensus dans la communauté médicale. Ecoutez.» Jérôme Marty (Docteur): «Tous les clusters sont à l'intérieur, on a aucun exemple au niveau mondial de départ de cluster à l'extérieur, ça n'existe pas. A l'extérieur, il n'y a que des contaminations interindividuelles, il n'y a pas de contamination de groupe.» Patrick Berche (Professeur): «C'est certain que quand vous êtes à l'extérieur, la probabilité de se contaminer est beaucoup plus faible. Si vous allez à l'extérieur, que vous êtes en petit comité, il n'y aucun risque.»



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