SANTÉ

Publié le 26 décembre 2020

Le cancer, trop cher pour l'hôpital ?

C'est un petit hôpital qui ne soigne plus les cancers, car le traitement est devenu trop cher pour lui. Le service d'oncologie a fermé en septembre lorsque la clinique privée qui lui fournissait des traitements de chimiothérapie a cessé de le faire. A l'hôpital du Creusot. le cancer est devenu trop cher. Le service d'oncologie n'a plus les moyens de payer le traitement des malades et a fermé ses portes. En cause, notamment, un désaccord commercial entre deux hôpitaux au détriment des patients.

Une catastrophe pour cette retraitée

Avec plus de 1.700 traitements de chimiothérapie délivrés l'année dernière., le service oncologie du Creusot proposait un suivi utile et de proximité. Pourtant, il a fermé en septembre. Une catastrophe pour cette retraitée. Pendant deux ans, son mari a lutté contre un cancer généralisé. Il est décédé la semaine dernière. Deux mois durant, Philippe Courrèges a enchaîné les examens et les chimiothérapies, à 25 kilomètres de chez lui. Des allers-retours en ambulance qui l'épuisaient, selon son épouse, alors qu'il y a quelques mois, il était traité juste en face.

Elle dénonce une décision budgétaire qui, selon elle, mettrait en danger les patients

Ghislaine Courrège (retraitée): «La chimio se passait ici avec un personnel aux petits soins pour ses patients.» Contre la fermeture du service, Gislaine Courrèges a monté une pétition en ligne et a déjà récolté plus de 1.000 signatures. Elle dénonce une décision budgétaire qui, selon elle, mettrait en danger les patients. Ghislaine Courrège: On ferme. Allez, on ferme allons-y ! Mais nous, les patients ou les épouses de patients qui sont concernées par la maladie, on fait quoi ? On fait quoi ?» La direction de l'hôpital du Creusot a refusé nos demandes d'interview. Elle renvoie la responsabilité de la fermeture à l'hôpital voisin d'où venaient les chimiothérapies, jusqu'à ce qu'il augmente ses tarifs de près de 80 %. Une hausse insoutenable pour le Creusot.

Le groupe reconnaît avoir fait grimper les prix

Mickaël Munier (Directeur Général du Groupe SOS Santé): «Je ne rentrerai pas dans ce chantage financier sur de la cancérologie. Les ressources de l'hôpital du Creusot et donc de l'assurance maladie n'ont pas à servir à l'amélioration des marges du groupe Ramsay.» Ramsay Santé, numéro un de l'hospitalisation privée en France avec plus d'une centaine d'hôpitaux, dont celui-ci à Chalon-sur-Saône, qui vendait les chimiothérapies au Creusot. Le groupe reconnaît avoir fait grimper les prix mais si le partenariat a été rompu, c'est parce qu'il souhaitait que les malades du Creusot viennent d'abord consulter dans son hôpital. Frédéric Oussad (Directeur Général Hôpital Privé Sainte Marie Chalon-sur-Saône: «Dans les faits, il faudrait que les patients de chez eux passent une première fois chez nous, vu par un médecin de chez nous. Ce sont des règles médico-administratives qui doivent être respectées, point barre.»

«Je ne comprends rien, cela se passe au-dessus de nos têtes»

D'après nos informations, côté Ramsay, le nombre de chimiothérapies était en baisse depuis 2018, alors qu'au Creusot, sur la même période, il augmentait régulièrement. Le groupe Ramsay affirme que ces évolutions n'ont rien à voir avec leur décision de rompre le partenariat. De leur côté, les médecins du Creusot sont abasourdis par les conséquences de ce désaccord commercial et administratif. Dr André Vanoli: «Vous vous investissez pendant deux ans, deux ans et demi. sur un service qui fonctionne bien, tout le monde est content, tout le monde marche bien et puis voilà, il faut arrêter. Je ne comprends rien, cela se passe au-dessus de nos têtes.» L'Agence régionale de santé déplore cette rupture de coopération et invite que les hôpitaux à renouer avec une dynamique de partenariat. D'ici-là, les patients du Creusot continuent à faire des kilomètres pour recevoir leur traitement.



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