SANTÉ

Publié le 28 janvier 2022

Martin Blachier charge lourdement Martin Hirsch : «Je ne comprends pas qu'il puisse encore être en poste»

Martin Blachier était l'invité de l'émission «Estelle Midi» diffusée sur RMC ce jeudi 27 janvier 2022.

«Ça dévoie complètement le système qu'il veut sauver»

Estelle Denis: «On parle des propos de Martin Hirsch qui ont beaucoup choqué hier. Il se demande s'il faut faire payer les les non vaccinés à l'hôpital. Quel est votre votre avis là-dessus ?» Martin Blachier: «Ce n'est pas tellement en ligne avec les choix qui ont été faits en France. En France, on a un système de solidarité nationale et après, on a des choses qui sont obligatoires ou pas obligatoires de façon à soutenir cette solidarité nationale. C'est à l'inverse d'un système assurantiel où vous payez en fonction de votre risque et plus votre risque est grand, plus vous payez avec plus ou moins des ajustements. Donc ça parait pas tout à fait en ligne avec ce que l'on a installé en France. Il dit que c'est pour sauver le système, mais en fait, ça dévoie complètement le système qu'il veut sauver. Il faut savoir que ce n'est pas tout à fait anodin sa déclaration parce qu'il a fait une tribune dans Le Monde il n'y a pas longtemps, où il déploie cette idée en disant que maintenant, il faut que la solidarité soit associée à un principe de responsabilité. Et c'est une responsabilité qui n'est plus dans le caractère obligatoire, pas obligatoire.»

«C'est en fait une dimension morale»

Martin Blachier: «C'est en fait une dimension morale et on pourrait dans ce cas là imaginer qu'une femme qui n'ait pas fait ses mammographies, doive payer l'opération du cancer du sein, ou que quelqu'un qui n'ait pas fait sa coloscopie et bien, ne soit pas pris en charge quand elle aura son cancer du côlon. Et de même, si vous avez un petit peu trop bu, vous ne serez pas pris en charge pour votre cirrhose hépatique. Donc ça va assez loin, tout ça sans qu'il n'y ait aucune obligation. C'est-à-dire qu'on vous le dit et c'est à vous de gérer. Ça veut dire qu'en plus, vous devez en permanence essayer de faire des calculs sur votre ordinateur en disant : " Est-ce que j'ai les moyens de me permettre ce verre supplémentaire ou est-ce que j'ai les moyens d'aller au ski parce que si jamais il m'arrive un problème, ça va me coûter extrêmement cher. " Donc ça ne fait pas beaucoup sens à mon avis. Soit vous estimez que le système est en danger et dans ce cas là, vous rendez quelque chose obligatoire pour que ce soit soutenable pour la totalité de la population et dans ce cas là vous êtes en ligne.»

«Ce qui est incroyable, c'est qu'il soit le directeur des hôpitaux de Paris»

Martin Blachier: «Mais cet espèce de système assurantiel, en plus technocratique, parce qu'au lieu d'avouer qu'il va vers un système assurantiel, une espèce d'usine à gaz technocratique pour faire semblant qu'il garde le système de solidarité nationale, c'est un peu ridicule. Et dans cette même tribune, il dit autre chose qui est assez intéressant, parce qu'il développe en sept points et le septième point, c'est de donner plus de contenu à la notion de citoyenneté, par exemple, en établissant des brevets. C'est-à-dire qu'il y aurait des niveaux de citoyenneté, vous devriez acquérir un certain nombre de brevets pour savoir si vous êtes un bon, un moyen ou un très bon citoyen sur différents sujets. Ce que je trouve intéressant, c'est que ce n'est pas une sortie anodine de Martin Hirsch. Il est dans un calendrier politique. Ce qui est incroyable, c'est qu'il soit le directeur des hôpitaux de Paris et d'ailleurs, cette tribune il la signe d'une façon assez particulière, il dit : Martin Hirsch est président de l'Institut de l'engagement (qui est un espèce d'institut politique où il développe ses idées) et par ailleurs directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Ça veut dire qu'on a un directeur du plus gros hôpital de France qui considère qu'il a le droit d'avoir un positionnement politique comme celui-là, de donner son opinion sur des choses qui sont complètement à l'inverse de la logique de l'institut qu'il dirige.»

«Je ne comprends pas que quelqu'un qui ait ce comportement puisse encore être en poste»

Martin Blachier: «Et puis, par ailleurs, il est directeur de l'AP-HP et puis on se demande comment il trouve le temps de développer toute ces merveilleuses idées alors qu'il doit gérer l'AP-HP et qu'il dit lui-même que c'est au bord du gouffre, qu'il n'y a plus de personnel et qu'ils sont obligés de retarder des prises en charge. Je ne comprends pas que quelqu'un qui ait ce comportement puisse encore être en poste. C'est-à-dire qu'il y a vraiment des gens dans ce pays qui sont à l'abri de tout, qui peuvent dire n'importe quoi et de toute façon, ils savent que rien ne peut leur arriver, il restera à son poste. Et même il voit encore plus loin, parce qu'il pense que, du coup, il peut encore monter une marche de responsabilités.» Estelle Denis: «En tout cas on vous sent très énervé sur le sujet. Martin Blachier.» Martin Blachier: «Non, je trouve ça incroyable. Je trouve ça révélateur.»



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