SANTÉ

Publié le 20 février 2021

Plats cuisinés: L'horreur dans vos assiettes ?

En 2013 a eu lieu «le scandale des lasagnes à la viande de cheval» ce qui a jeté le doute sur l'industrie de la viande en France. La course aux prix cassés que se livrent les industriels de la viande et notamment celle utilisée dans les plats cuisinés bon marché. Voici un extrait édifiant du reportage «La vérité sur la viande que vous mangez» diffusé sur C8 le 24 août 2017.

«Ces grands panneaux de viande prêts à être livrés aux fabricants de plats cuisinés»

Cette viande de volaille est aussi rouge que du steak haché. Mais regardez comment dans l'usine, ils obtiennent une telle viande VSM (Viande Mécaniquement Séparée). Les carcasses de poulets sont jetées dans une machine. C'est elle qui va séparer mécaniquement les derniers restes de viande en les rabotant des os. Il va en ressortir cette drôle de chair liquide assez rouge. Elle est ensuite compressée pour former ces grands panneaux de viande prêts à être livrés aux fabricants de plats cuisinés. Ces ultimes chutes de chair de poulet ainsi compactées sont très bon marché.

Une viande du troisième type

Journaliste: «Donc ça c'est moins cher que le boeuf alors ?» Une commerciale: «Oui, absolument, le prix est deux fois moins cher. Certains fabricants qui ne souhaitent pas payer le prix du boeuf la mélangent dans leur chaîne de production avec de la VSM ou de la baader de dinde car c'est la même couleur. C'est une texture identique à celle du bœuf.» Journaliste: «C'est intéressant, ça. Donc ça, je peux mélanger ?» C'est donc confirmé. Certains fabricants de plats cuisinés, pour réduire leurs coûts, ont eu l'idée de mélanger ces chutes de poulet avec du boeuf pour fabriquer une drôle de viande hybride. Une viande du troisième type. Et effectivement, en regardant de plus près nos emballages, nous tombons sur ces mini burgers. A priori, ce sont des burgers au boeuf. Pourtant, sur la liste des ingrédients, il n'y a pas que du boeuf. Il a été mélangé à un autre produit, la viande mécaniquement séparée de volaille, la fameuse VSM. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Cette entreprise propose même une appellation pur boeuf sans mélange, toujours à base de VSM.

«Tout est une question d'argent»

Une commerciale: «Je peux aussi vous proposer de la viande de boeuf baader produite en Allemagne.» Journaliste: «Vous pouvez faire ça ?» Ils peuvent le faire mais cette production est extrêmement controversée. Regardez, la VSM de boeuf, c'est le minerai de boeuf le moins cher de tous. La machine gratte sur les os les derniers restes de chair. Et la viande ressort sous forme d'une pâte pour plats cuisinés. Seul problème, un tel grattage des carcasses pourrait contaminer la viande en lui transmettant des virus, notamment celui de la vache folle. Voilà pourquoi la VSM de boeuf est interdite en France mais cette société peut nous en trouver. Une commerciale: «Nous, on ne le fait pas mais je passe directement par cette société et j'exporte déjà le boeuf VSM vers d'autres pays. Tout est une question d'argent. Merci à bientôt. Au revoir.»

«Elle est lavée à l'ammoniac aux États-Unis ou à l'acide en Europe»

Et pendant notre enquête en Hollande sur cette drôle de viande VSM de boeuf ou de volaille, nous découvrons un dernier indice extrêmement intéressant. Au cours de sa fabrication, elle subit une spectaculaire batterie d'épreuves. Elle est chauffée à 100 degrés Fahrenheit, c'est-à-dire 36 degrés Celsius. Puis, pour limiter tout risque de contamination, elle est lavée à l'ammoniac aux États-Unis ou à l'acide en Europe. Or écoutez bien, cette façon de procéder a pour résultat de détériorer l'ADN et de faire perdre une bonne partie de la traçabilité à cette viande. Alors, se pourrait-il que la viande non identifiée qu'on retrouve dans certains plats cuisinés soit issue de mélanges de VSM dont l'ADN a été détérioré ? C'est la question que nous avons posée au laboratoire d'Anvers à notre expert Corrado Stichelbaut.

«Des espèces qu'on ne parvient pas à déterminer et au final, une traçabilité qui disparaît»

Journaliste: «Alors, est-ce qu'il serait possible que l'ADN soit tellement détérioré par le nettoyage à l'acide qu'on ne puisse plus l'identifier par vos tests en laboratoire ?» Corrado Stichelbaut: «Oui, ça peut arriver, surtout pour les plats cuisinés à base de viande. C'est tout à fait possible.» Voilà donc l'énigme de l'animal mystère résolu. Il ne s'agit pas d'une espèce inconnue mais d'un mélange de viande travaillée sous la forme de VSM. De l'ADN dégradé et donc indétectable. Des espèces qu'on ne parvient pas à déterminer et au final, une traçabilité qui disparaît. Quatre ans après le scandale des lasagnes au cheval, nous ne savons toujours pas précisément ce que nous mangeons dans certains plats cuisinés.



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