SANTÉ

Publié le 12 janvier 2021

Pr Toussaint «On voit que ce variant est en Suède et ils laissent les restaurants ouverts»

Le professeur Toussaint est intervenu lors de l'émission «Midi News» diffusée le lundi 11 janvier 2021.

Les bienfaits du couvre-feu et du confinement ?

Sonia Mabrouk: «La situation est inquiétante et n'est pas favorable en France, malgré la fermeture des restaurants, des bars, des cafés et des salles de sport. Est-ce à dire, si l'on prend le raisonnement à l'envers, qu'ils n'ont pas participé, puisqu'ils sont fermés, à l'évolution et à l'explosion des cas?» Professeur Toussaint: «Bien sûr que c'est le point le plus important. On a vu que cette fermeture, qui était intervenue dans la troisième semaine de septembre, a été au contraire suivie d'une augmentation du nombre de cas et du nombre de décès. On a vu ensuite que les départements les plus touchés, qui avaient eu la première phase de couvre feu, avaient vu leur pic, le pic de sévérité de la pandémie, survenir avant le deuxième confinement.»

«Reconfiner, c'est continuer de courir à la catastrophe sociale»

Professeur Toussaint: «Le deuxième confinement n'était pas nécessaire pour les départements les plus touchés. Tout cela contribue dans une forme qui ne montre absolument pas de démonstration scientifique des effets des uns et des autres. Et on voit par contre que ces augmentations concernent des pays au gré de ce que les variants, les réservoirs dans les populations les plus vulnérables vont mettre en regard. Et c'est dans ce contexte-là, finalement, que les critères sont très indépendants des décisions qui sont prises et à les reconfiner si c'était l'intention, on l'entend beaucoup actuellement prononcer par des spécialistes de divers domaines en épidémiologie, en médecine et autres qui attendent et qui demandent un troisième confinement. C'est continuer de courir à la catastrophe sociale, à la catastrophe sociétale, sans avoir pour l'instant les arguments définitifs en faveur de ces mesures.»

«Les hauteurs française, très inférieures à celles du printemps»

Sonia Mabrouk: «Professeur Toussaint, est-ce qu'on a raison de parler d'un variant ? C'est ainsi qu'il est présenté ce variant dit anglais. Ou est-ce que, comme certains scientifiques le disent, c'est quasiment une autre épidémie en parallèle ? Sans vouloir être trop anxiogène, bien sûr.» Professeur Toussaint: «Oui, c'est effectivement la position tant d'Arnaud Fontanet à Pasteur que Didier Raoult à Marseille qui disent que ces nouveaux variants vont donner des changements importants. En fait, il faut regarder, comme toujours dans la pandémie, l'indicateur maximal, qui est celui de la mortalité. Par exemple, si on regarde ce qui a été, pendant cette phase d'augmentation de la proportion du variant B117 dans le Kent et puis autour de Londres et maintenant sur toute la Grande-Bretagne et bien sur le système de surveillance de la mortalité européenne, EuroMomo, on voit que cette phase, d'octobre jusqu'à fin décembre, en tout cas pour l'analyse complète, montre une surmortalité inférieure à celle de la France, cela veut dire que l'Angleterre, qui est pourtant dans une inquiétude massive par rapport à cela, n'a pas connu les hauteurs française, très inférieures à celles du printemps (en terme de pic j'entends).»

«La Suède n'a toujours pas reconfiné et laisse ses restaurants ouverts»

Professeur Toussaint: «Et donc, cela veut dire qu'on voit ce variant se répandre partout. Il faisait peur parce qu'au début il concernait les enfants, il n'y a pas eu d'augmentation des cas sévères chez les enfants. Il n'y en a pas dans les hôpitaux de Londres actuellement aux dires des médecins londoniens, on voit que ce variant est par exemple en Suède, 17 cas ont été enregistrés. La Suède n'a toujours pas reconfiné et laisse ses restaurants ouverts, les salles de sport ouvertes. Elle a le même taux maintenant que le Danemark, qui lui, est totalement repris sous la charge. Et donc, on a des variations qui sont étonnantes, mais qui montrent bien que chaque étape doit être suivie de très près. Et que l'on ne confirme jamais ce qu'on avait imaginé dans les étapes précédentes.»



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