SANTÉ

Publié le 03 février 2022

Quand la science redonne vie au virus cousin d'une des pires maladies de l'histoire

La biologie de synthèse : recréer pour comprendre

Au cours de l'émission « Le Mag de la Science » diffusée en 2019, Elsa Abdoun, journaliste scientifique, a levé le voile sur une question troublante. Si nous avions la possibilité de redonner vie à un virus éradiqué, le ferions-nous? La réponse est plus complexe qu'il n'y paraît.

Jérôme Bonaldi, le présentateur, rappelle que la variole est une maladie redoutée : 300 millions de personnes n'y ont pas survécu. Cependant, cette maladie a été éradiquée. Pourtant, Elsa Abdoun informe d'une réalité choquante : un cousin du virus de la variole a été recréé en laboratoire. Les chercheurs pourraient même recréer le virus de la variole lui-même.

La science du tricot moléculaire

Comment est-ce possible? Grâce à la biologie de synthèse. Elsa Abdoun explique que cette discipline permet de "tricoter" de l'ADN, en assemblant les bases moléculaires (A-T-G-C) dans l'ordre souhaité. Les génomes de nombreux organismes sont connus, permettant ainsi de recréer de l'ADN à la demande.

Ce n'est pas uniquement la variole. Des souches de la dengue, du VIH, de la poliomyélite et d'autres ont été synthétisées. Une fois l'ADN viral inséré dans une cellule, il se comporte comme un virus naturel, se multipliant et infectant d'autres cellules. C'est un pas en avant vers la recréation potentielle d'autres organismes éradiqués.

Risques et réalités

La variole, bien qu'éliminée, reste conservée dans deux laboratoires ultrasécurisés. Avec la biologie de synthèse, le coût de recréation de son cousin n'était que de 100 000 dollars. Le plus alarmant est que les séquences génétiques de la variole sont facilement accessibles en ligne. Ceci soulève une préoccupation majeure : la recréation du virus par des acteurs malveillants.

Elsa Abdoun souligne que la variole pourrait toujours resurgir. Sa recréation, ainsi que sa conservation, pourrait aider à développer des traitements en cas de résurgence. Bien que cela puisse sembler contradictoire, le fait de conserver et de recréer le virus peut en réalité contribuer à notre protection.

Un débat continu

Jérôme Bonaldi conclut en reconnaissant la complexité de la situation. Recréer un virus pour le combattre est, à bien des égards, une logique tordue. Cependant, elle symbolise la dualité de la science : elle peut à la fois poser des risques et offrir des solutions.



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