SANTÉ

Publié le 03 juillet 2022

Trier les patients aux urgences ? : Choqué par les mesures de Borne, Nathan Devers annonce la fin du grand modèle de l'hôpital français

Nathan Devers intervenait lors de l'émission « Face aux infos » diffusée ce dimanche 2 juillet 2022 sur CNews.

« On a supprimé toutes les libertés publiques au nom, soi-disant, de la défense de l'hôpital »

Nathan Devers : « Cette " mission flash " est une honte absolue, de A à Z. Je rappelle, on le disait tout à l'heure, que pendant deux ans, on a supprimé toutes les libertés publiques au nom, soi-disant – je dis soi-disant parce que ce n'était pas leur souci –, soi-disant de la défense de l'hôpital, de la défense de la santé publique. Là, on nous dit qu'on va faire un grand inventaire de tout ce qui ne va pas à l'hôpital. Et les solutions qu'on propose, en effet, c'est de détruire, ou de détricoter plus précisément, le grand modèle de l'hôpital français, qui est un modèle où on accueille tout le monde, où les hôpitaux sont ouverts tout le temps. Et on nous dit là que le problème, ce n'est pas qu'il manque des lits, c'est-à-dire des soignants – parce que le lit, ce n'est pas le meuble, c'est le soignant. Mais c'est en gros qu'il faut trier davantage les patients. »

« Ce qui est vraiment dangereux, c'est de trier les patients »

Nathan Devers : « On culpabilise les patients implicitement, c'est-à-dire : " Vous venez à l'hôpital pour rien, vous engorgez les urgences. " Comme si c'était vraiment ça, le problème. Ce n'est pas un problème de budget, ce n'est pas un problème de rapport à l'hôpital, de rapport même au service public, c'est le problème du patient qui vient à l'hôpital alors qu'il n'a pas des choses graves, premièrement. Deuxièmement, ce qui est vraiment dangereux, c'est de trier les patients. Qu'ils réactivent la vieille logique qu'on avait vue déjà avec le vaccin entre les bons patients, les mauvais patients, ceux qui se comportaient bien, qui se prêtaient à la médecine, ou pas. Et juste aussi une chose, enfin, c'est une remarque, mais le tout saupoudré d'anglicismes à tout va : " mission flash ", on nous parle de " bed management "... Si vous voulez, mais c'est tout à fait cohérent, cette vision, comme ça, totalement néolibérale de l'hôpital. »

« Le sujet de cette crise sanitaire n'était pas de se soucier de la santé »

Nathan Devers : « Et ça me rappelle, vous savez, cette lettre du général de Gaulle où il disait à son ministre : " Merci d'employer les mots en français dans les cas où c'est nécessaire, c'est-à-dire dans absolument tous les cas. " Et là on a un inverse, c'est-à-dire on emploie des mots en anglais dans systématiquement tous les cas, pour, encore une fois, mettre en danger le modèle de l'hôpital public. Et au demeurant, j'ai vu que quasiment tous les médecins, tous les soignants, en tout cas tous ceux qui sont cohérents, qui sont sur le terrain, disent que cette mission est une honte. Et ça montre rétroactivement que le sujet de cette crise sanitaire n'était pas de se soucier de la santé, et que les choses ne vont pas aller dans le bon sens. »



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