SANTÉ

Publié le 26 mai 2021

Une psychologue sur le port du masque chez les enfants: «On a perdu la face et la raison»

La psychologue Marie-Estelle Dupont était l'invitée de l'émission «Bercoff dans tous ses états» diffusée sur Sud Radio ce mercredi 26 mai 2021.

«On a perdu la face et on a perdu la raison»

André Bercoff: «Vous disiez l'urgence de mettre fin au port du masque pour les enfants, ça veut dire quoi ça ?» Marie-Estelle Dupont: «Ça veut dire qu'on a perdu la face et qu'on a perdu la raison. On est en train de faire porter à nos enfants quand, dans une famille, l'enfant devient le thérapeute de sa mère et qui porte ses phobies ou ses peurs, on sait que la famille est toxique. Et bien là, on vit ça à l'échelle collective, c'est-à-dire que l'on est en train de faire porter à nos enfants, on les met au monde, moi, j'ai mis au monde des enfants pendant le confinement, et si vous les confier à une crèche, ces enfants, qui doivent s'humaniser, décoder les émotions sur le visage, ils n'ont le droit qu'à des demi visages, à des visages masqués, immobilisés, figés, alors qu'en l'espace de deux ans, l'être humain fait presque plus que ce qu'il fera pendant toute sa vie, c'est-à-dire qu'il passe d'un monde aquatique sombre à la bipédie, au contrôle de ses sphincters et au langage.»

«On le place, avec le masque, en des privations sensorielles et en carence d'informations»

André Bercoff: «Donc, en deux ans, ce qu'il fait, c'est tellement énorme que l'on se demande d'ailleurs comment il y arrive. Comment y arrive-t-il ? Il y arrive parce qu'il a une capacité à rentrer en communication et à traiter les informations de son environnement, notamment avec les mouvements de ses yeux qui sont beaucoup plus nombreux que chez l'adulte, extrêmement importante. Donc, on le place, avec le masque, en des privations sensorielles et en carence d'informations. Donc, on va créer, comme le disait une auxiliaire de puériculture hier, dans une crèche, on observe aujourd'hui, en fin d'année scolaire, des retards de parole chez les petits de 2 ans. Ils n'acquièrent pas le langage. Parce que pour parler, on utilise aussi la vision, un autre sens, c'est-à-dire que l'on regarde comment on positionne la bouche pour réaliser des phonèmes, il y a des lettres labiales, il y a des lettres gutturales, on ne pose pas les lèvres de la même manière.»

«Il y a des troubles anxieux extrêmement importants»

André Bercoff: «Donc ils n'ont pas accès à cela. Ils n'ont pas accès au sourire qui est le propre de l'homme. On est le seul mammifère doté du sourire. Évidemment, cela modifie aussi le timbre de la voix puisque comme on s'étouffe en aspirant le masque quand on parle, évidemment, la voix est moins modulée. Or, on sait comme la voix a un rôle important sur le calme de l'enfant, sa capacité à s'endormir, à se bercer et à se calmer, à acquérir des rythmes. C'est très préoccupant. On leur transmet la peur. Il y a des troubles anxieux extrêmement importants. Et puis, en plus, ils voient leurs parents anxieux donc ils absorbent cela. Ce sont des éponges. Sans parler de tous les dégâts sur les apprentissages puisque quand vous avez la buée sur les lunettes, vous bougez les lunettes, vous touchez le masque, de toute façon, ce n'est pas hygiénique et vous n'êtes pas concentré. Il y a des retards d'apprentissage qui sont importants.»

«On ne leur permet même pas d'accéder à l'humanisation»

André Bercoff: «Il y a des dépressions. Effectivement, là, il y a eu des pendaisons chez des enfants de 6 ans. Il y a eu des défenestration. Effectivement, on n'a jamais vu cela. Quand j'ai été formée, les seuls cas cliniques de suicides qu'on nous a présentés alors qu'à 6 ans, l'enfant n'a pas cette notion de la mort et surtout de l'auto agression de cette façon là, sauf des cas d'autisme très graves où il peut se taper la tête contre les murs mais ce n'est pas dans un but de mourir, c'est dans le but de se calmer. Ce sont des situations extrêmement graves, d'inceste répété mais là, on n'avait jamais vu cela en clinique.» André Bercoff: «C'est vraiment la première fois ?» Marie-Estelle Dupont: «Donc là, on ne leur permet même pas d'accéder à l'humanisation.»



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