SOCIAL

Publié le 19 novembre 2021

Le témoignage édifiant d'une enseignante suspendue pour non-port du masque en classe

Anne-Claire Rossignol, professeure de français, était l'invitée de l'émission «Le Live Toussaint» difffusée ce mardi 16 novembre 2021 sur BFMTV.

«C'est un enseignement dégradé»

Bruce Toussaint: «Vous avez refusé de porter le masque pour faire cours dans votre salle et vous avez été suspendue il y a quelques jours par l'Education nationale. Ça se passe à Gouvieux, dans un collège de Gouvieux, dans l'Oise.» Anne-Claire Rossignol: «Pourquoi est-ce que j'ai fait cet acte ? Le message que je souhaite passer c'est que, enseigner en masque, c'est un enseignement dégradé. Mon visage, c'est mon outil de travail. Les enfants perçoivent cette situation des professeurs masqués depuis maintenant un an, et je souhaitais porter ce message.» Bruce Toussaint: «Des élèves qui, en effet, n'ont jamais vu votre visage ?!» Anne-Claire Rossignol: «Jamais.» Bruce Toussaint: «Et vous dites ce n'est plus possible ?» Anne-Claire Rossignol: «Je dis ce n'est plus possible, exactement.»

«Je pourrais qualifier peut-être un peu de zombies»

Bruce Toussaint: «Vous payez fort ce coup de gueule ? Suspendue ?» Anne-Claire Rossignol: «Oui, je suis suspendue.» Bruce Toussaint: «Vous le regrettez ou pas ?» Anne-Claire Rossignol: «Non, c'est une décision qui a été mûrement réfléchie. Je savais bien entendu que ça mènerait à la suspension. J'aurais pu poser un arrêt de travail, ce n'est pas le choix que j'ai fait. Le métier d'enseignant, c'est un métier de communication. Il y a des émotions qui passent, qui sont très importantes. On doit pouvoir toucher les élèves lorsqu'on enseigne. Et je le redis, les émotions aident à l'apprentissage. Donc, quand on a des enseignants masqués toute la journée, que je pourrais qualifier peut-être un peu de zombies, avec tous les mêmes masques bleus. L'enfant, au bout d'un temps, il se met en veille. Il faut qu'il se passe quelque chose dans la classe. Je souhaite leur redonner mon visage complet, parce qu'après un an de recul, je constate que notre enseignement est considérablement dégradé. Je veux pouvoir enseigner Les Misérables avec des émotions, c'est ça mon métier. Et la grammaire, qui est un point quand même extrêmement difficile, comment faire passer une leçon de grammaire ardue et inintéressante si on n'a pas son visage complet ? C'est ça mon message aujourd'hui.»

«Il faut absolument qu'on ouvre une discussion sur le masque des enfants»

Bruce Toussaint: «Mais les élèves, ils sont masqués, eux ?» Anne-Claire Rossignol: «Oui, absolument.» Bruce Toussaint: «Et ça vous paraît plus normal ? Vous l'acceptez davantage ?» Anne-Claire Rossignol: «Non, je l'accepte pas davantage. Ça me pose problème, mais ça, c'est mon problème en tant que femme et citoyenne et je suis ici en tant qu'enseignante. Donc, disons que je ne peux pas mener plusieurs combats de front. Vraiment, mes demandes et ça fera l'objet de pétitions, on y travaille avec mes collègues, c'est qu'on reconnaisse que notre métier est un métier de communication. Que notre visage c'est notre outil de travail. Pour nos élèves, pour la qualité de notre enseignement, on doit trouver des moyens d'enseigner sans masque. Ça doit pouvoir se faire. Et oui, le troisième point, il faut absolument qu'on ouvre une discussion sur le masque des enfants, ça, c'est certain.»



À découvrir aussi...

Partager cette page